Le maréchal Al-Sissi incarne-t-il un regain de pouvoir de l’armée en Égypte ?
En 2011, quand l’armée a signifié à Moubarak qu’elle arrêtait son soutien, elle a permis le changement. Ce laisser-faire a permis une transition très courte durant laquelle l’armée était vigilante mais elle ne pouvait pas reprendre le pouvoir. En revanche, un an après l’arrivée des Frères, elle pouvait prétendre représenter un moindre mal pour le pays par rapport à la Confrérie inexpérimentée qui voulait tout verrouiller. Le peuple a oublié que l’armée était au pouvoir sous Moubarak, sous Sadate, sous Nasser…depuis 1952. Elle a retrouvé une nouvelle virginité grâce à l’échec de la transition sous les Frères musulmans qui n’a duré qu’une année.
Le maréchal Al-Sissi qui a travaillé en
Arabie saoudite n’est-il pas un pion du pouvoir saoudien ?
Il ne faut pas tout confondre. C’est vrai qu’Al-Sissi a été attaché militaire en Arabie saoudite et que le royaume a horreur des Frères musulmans. Mais là, Al-Sissi et l’Arabie saoudite sont dans le cadre d’une alliance dans laquelle l’armée égyptienne a fait chuter la Confrérie et a ôté la menace des Frères musulmans sur l’Arabie et les autres monarchies du Golfe.
L’armée a aussi cassé la dynamique créée par le Qatar, principal soutien des Frères. Mais de là à dire que Sissi est instrumentalisé par l’Arabie, c’est une grosse erreur. Il agit en patriote, en représentant de l’armée et de ses intérêts, ainsi que de la haute administration et de ses intérêts.
Aujourd’hui, l’Arabie soutient l’Égypte avec les Émirats, le Koweït ; Bahreïn et Oman qui n’ont pas d’autres moyens que le soutien politique. Il n’y a que le Qatar qui ne soutienne pas Al-Sissi et qui continue de parier sur les Frères musulmans.