Egypte : la journaliste Esraa Abdel-Fattah libérée

Après quasiment deux ans de détention, l'avocat de la journaliste et bloggeuse Esraa Abdel-Fattah a annoncé, dimanche 18 juillet, sa libération. La quadragénaire est une figure de la révolution égyptienne en 2011. 
 
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Esraa Abdel-Fattah
Esraa Abdel-Fattah avait été arrêté en septembre 2019 pour "participation à un groupe terroriste", selon des avocats des droits humains.
Facebook de son avocat Khaled Ali
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La journaliste et blogueuse Esraa Abdel-Fattah, l'un des symboles de la révolution de 2011 en Egypte qui a renversé Hosni Moubarak, a été libérée après quasiment deux ans de détention provisoire, a annoncé dimanche l'avocat Khaled Ali.

Ce dernier a publié sur son compte Facebook une photo d'Esraa Abdel Fattah après sa sortie de prison. Plusieurs de ses amis sur Facebook ont également posté des photos d'elle dès sa libération.

La journaliste est connue pour avoir été l'une des fondatrices du "Mouvement du 6 avril" en 2008, à l'origine de la mobilisation de millions d'Egyptiens lors de la révolte de 2011 ayant provoqué la chute de Hosni Moubarak.

Elle avait été arrêtée en octobre 2019 pour "diffusion de fausses nouvelles" et "collaboration avec un groupe terroriste". Son incarcération avait entraîné de nombreuses critiques à l'internationale.

A 43 ans, la bloggeuse a retrouvé la liberté quelques heures après une décision surprise du parquet égyptien de la libérer à l'issue de près de 22 mois de détention provisoire sans jugement. 

(Re)voir : Dix ans après le soulèvement populaire en Egypte : "un pays plus muselé que jamais"

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Opposition aux Frères musulmans et à Mohamed Morsi

En 2012, Esraa Abdel-Fattah s'était opposée aux Frères musulmans au moment de leur arrivée au pouvoir. Elle avait soutenu les appels à renverser leur régime ainsi que les manifestations du 30 juin 2013 ayant conduit au départ du président islamiste Mohamed Morsi.

Elle a été emprisonnée à l'époque de Hosni Moubarak, après la création du Mouvement du 6 avril 2008 et son appel à une grève des ouvriers dans la ville de Mahalla (dans le delta du Nil) la même année.

Jeudi 15 juillet, les Etats-Unis ont mis en garde l'Egypte contre le fait de prendre pour cible des militants des droits humains. Après l'annonce par un éminent activiste de son inculpation, ils ont indiqué que cet aspect serait pris en compte lors de tractations en vue de ventes d'armes entre les deux pays alliés.

Samedi 17 juillet au soir, en plus d'Esraa Abdel-Fattah, le parquet a également décidé de libérer le militant Abdel Nasser Ismaïl, leader du Parti de l'Alliance populaire (gauche), arrêté en septembre 2019 pour "participation à un groupe terroriste", selon des avocats des droits humains. Dans le même temps, le journaliste et opposant égyptien Gamal El-Gammal, arrêté à son retour de Turquie en février dernier, a également été relâché.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014, les autorités mènent une impitoyable répression contre tous types d'opposition, islamiste comme libérale.

Selon la loi égyptienne, les périodes de détention provisoire sans jugement peuvent être prolongées jusqu'à deux ans.

(Re)voir : Égypte : 10 ans après la révolution, les espoirs déçus de la place Tahrir

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