En Égypte, les tribunaux ne font pas dans le demi-mesure. En une journée, un même tribunal a confirmé 183 condamnations à mort, et acquitté 496 personnes.
Le tribunal de Minya se distingue par sa productivité. Ce samedi 21 juin, à nouveau 183 personnes ont été condamnés à mort par le juge Saïd Youssef Sabry qui commence à devenir célèbre. En mars, il avait déjà prononcé 529 peines de mort, avant d'en commuer 492 en peines de prison à perpétuité. Mais dans le même temps et en moins de 5 minutes , il annonçait 683 autres condamnations à la peine capitale, pour n'en conserver que 183 ce samedi… Vous suivez ? Ce n'est le cas ni des avocats, ni des journalistes qui n'ont pas pu assister au procès, ce qui laisse penser que toutes ces décisions seront cassées en appel. Une seule cohérence dans ces procédures : elles touchent des partisans présumés du président islamiste renversé Mohamed Morsi, dont le chef de la confrérie des Frères Musulmans, Mohamed Badie. Ils sont accusés d'avoir participé à des manifestations violentes à Minya le 14 aout dernier. En mars, l'ONU avait condamné "le plus grand procès de masse" de l'histoire récente. Ce samedi, une responsable d'Amnesty International constate que "le système judiciaire égyptien est de toute évidence cassé et n'est plus en mesure de rendre la justice. La peine de mort est impitoyablement utilisée comme un outil pour éliminer des opposants politiques".