"Conduite immorale" Ces hommes qui ont été arrêtés pour « débauche », une accusation souvent utilisée contre les homosexuels en Égypte, risquent de longues peines de prison. « Le propriétaire du hammam est accusé d’avoir transformé son établissement en un lieu de conduite immorale et indécente, et d’homosexualité de groupe », a déclaré à l’AFP le chef du bureau du procureur d’Azbakeyah, quartier où se trouve l'établissement. Cette récente arrestation en rappelle une autre d’ampleur, en 2001, quand 52 hommes avaient été interpellés dans la
boîte gay Queens Boat et maltraités par la police. Plus récemment, le 1
er novembre 2014, huit homosexuels ont été condamnés à trois ans de prison puis à trois années de contrôle judiciaire pour « publication d’images indécentes ». Ils ont en fait été incarcérés pour avoir participé à un
mariage gay, tous filmés dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. On y voyait un
couple d’hommes entouré d'amis, en train d’échanger des alliances sur un bateau et de s’embrasser. Même si la loi égyptienne n’interdit pas l’homosexualité, les inculpations pour « débauche » se multiplient. Depuis la prise de pouvoir du président et ancien militaire Al-Sissi, le régime a renforcé sa répression à l’encontre de la communauté gay : « les autorités égyptiennes ont à plusieurs reprises arrêté, torturé et détenu des hommes soupçonnés de conduite homosexuelle », observait
Human Rights Watch en septembre dernier.
L’ONG avait également dénoncé la pratique de « tests médicaux » imposés aux prévenus pour déterminer leur orientation sexuelle. En Egypte, plus de 80 personnes seraient derrière les barreaux, "coupables" d’homosexualité. Ce climat de dénonciation, qui rappelle de sombres heures au mitan du 20ème siècle en Europe, dépasse le cadre de la morale. Le 13 novembre 2014, voilà tout juste un mois, Alain Gresh le spécialiste mondialement reconnu, rédacteur en chef du Monde diplomatique, et deux intellectuelles égyptiennes avec lesquelles il discutait dans un café du Caire,
étaient arrêtés sur dénonciation de leur voisine, une cliente qui n'avait pas apprécié les critiques formulées contre le régime du maréchal al-Sissi.