L'exil Parmi les cadres du mouvement, ceux qui ont échappé aux arrestations et procès, sont, pour certains, partis en exil. Là aussi, impossible d'estimer leur nombre. "L'exil, c'est sur une décision politique du noyau central des Frères musulmans. C'est une mesure de protection d'une partie de l'appareil contre la répression, donc ce n'est pas la débandade généralisée", précise Didier Billion. "C’est un choix qui a été assumé politiquement, un repli tactique organisé." Une stratégie qui vise avant tout à sauver l’organisation, à lui permettre de survivre, voire de rebondir à terme. Pour les cadres qui ont réussi à quitter l’Egypte, la solution de repli a été le Moyen-Orient, notamment le Qatar, terre d’accueil traditionnelle des Frères musulmans et du prédicateur Youssef al-Qaradawi, membre et grand défenseur de la confrérie. Autre solution : l’exil en Europe, notamment en Grande-Bretagne, où les sympathisants du mouvement sont nombreux. Seulement, avec l’étiquette d'"organisation terroriste" apposée par la justice égyptienne et par l'Arabie saoudite, principal soutien du régime d'Abdel Fattah al-Sissi, la confrérie n'est plus forcément la bienvenue dans de nombreux pays. Pour preuve, en janvier, de modestes locaux des Frères musulmans situés dans le quartier de Cricklewood, dans le nord-ouest de Londres, ont soulevé une vive polémique. Installés au-dessus d’une petite boutique de kebabs, des partisans du mouvement y géraient notamment le site d’information pro-Frères musulmans,
ikhwanpress.org. Un autre site internet de la confrérie, Ikhwanweb, est également publié depuis Londres. Fin mars, le Premier ministre anglais David Cameron demandait aux services de renseignements et au gouvernement d’ouvrir une enquête sur "la philosophie, les activités, l’impact et l’influence" de la confrérie en Grande-Bretagne… Mais qu’importe, la confrérie possède des ramifications solides et discrètes à l’étranger. Dans un communiqué publié la semaine dernière, le porte-parole du parti Liberté et Justice, Abdel Mawgoud Dardery, annonçait qu’un Conseil révolutionnaire égyptien (ERC) serait installé à l’étranger dans les prochains jours pour lutter contre le pouvoir égyptien. "Les Egyptiens de l’étranger soutiennent la révolution égyptienne sur un plan légal et politique", a-t-il assuré sur le site Ikhwanweb. "L’ERC sera (…) un facteur important pour chasser la junte militaire".