Fil d'Ariane
Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d'Ivoire, remercie ses soutiens en sortant d'une audition à la Cour pénale internationale de La Haye aux Pays-bas, le 6 février 2020. Laurent Gbagbo est toujours en liberté conditionnelle en Belgique dans l'attente d'un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale, qui l'a acquitté en première instance de l'accusation de crimes contre l'humanité.
"EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté) informe les Ivoiriens et la communauté internationale (...) qu'il déposera la candidature du président Laurent Gbagbo selon les procédures prévues." C'est une annonce du président de la coalition, Georges Armand Ouegnin, lors d'une déclaration au siège du Front Populaire ivoirien (FPI), fondé par Laurent Gbagbo.
Celui-ci est toujours en liberté conditionnelle en Belgique dans l'attente d'un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale, qui l'a acquitté en première instance de l'accusation de crimes contre l'humanité.
Il a le droit de voyager à condition que le pays d'accueil accepte sa présence, mais il n'a pour le moment pas de passeport. Son avocate accuse les autorités de le lui refuser, celles-ci parlent de "traitement" en cours.
Si la candidature de Laurent Gbagbo, 75 ans, devenait réelle, la Côte d'Ivoire retrouverait au premier tour les trois grands rivaux de l'élection de 2010. Elle avait débouché sur une crise qui avait fait 3.000 morts, née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire du président Alassane Ouattara.
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, a déjà déposé son dossier pour briguer un troisième mandat controversé. L'ancien président Henri Konan Bédié (1993-1999), 86 ans, devrait le faire jeudi. Kouadio Konan Bertin, dit KKB, un dissident du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principal parti d'opposition) l'a pour sa part fait mercredi.
Laurent Gbagbo entretient le mystère autour de ses intentions pour la présidentielle. Son ancien Premier ministre, Pascal Affi Nguessan, qui a obtenu le contrôle légal du FPI, a lui déjà annoncé sa propre candidature.
Voir aussi : Côte d'Ivoire : Pascal Affi N'Guessan candidat d'un FPI divisé
EDS, qui comprend notamment les GOR ("Gbagbo ou Rien"), la faction qui lui est restée loyale au sein du FPI, a protesté mercredi contre la confirmation de la radiation des listes électorales de Laurent Gbagbo par la justice ivoirienne - une mesure qui a aussi touché M. Soro.
La radiation de Laurent Gbagbo "relève de la pure manœuvre politicienne mise en œuvre pour empêcher son retour en Côte d'Ivoire et empêcher sa candidature par une instrumentalisation de la justice", a dénoncé M. Ouegnin.
Les motifs qui ont conduit la justice à confirmer la radiation de Laurent Gbagbo devraient conduire le Conseil constitutionnel à prononcer son inéligibilité, selon des sources judiciaires.
Les candidats ont jusqu'au lundi 31 août minuit pour déposer leur dossier et ne doivent pas nécessairement être présents physiquement, a affirmé à l'AFP le président de la Commission électorale indépendante (CEI) Ibrahime Kuibiert Coulibaly. L'éligibilité relève du Conseil constitutionnel" et de lui seul, a-t-il rappelé.
Laurent Gbagbo a été condamné en janvier 2018 par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, pendant la crise post-électorale.
La coalition assure également "comprendre le mécontentement général des Ivoiriens contre le troisième mandat illégal de M. Ouattara".
Comme la précédente, la Constitution de 2016 limite à deux les mandats présidentiels. Les partisans de M. Ouattara affirment que le changement de Constitution a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.
Cette candidature controversée a débouché sur des violences inter-ethniques dans plusieurs villes du pays, qui ont fait au moins 8 morts. De nombreux observateurs craignent de nouvelles violences avant et après le scrutin du 31 octobre.
"Le pays est pris dans un tourbillon qui fait valser les libertés fondamentales", écrit Guillaume Soro. "Nous n'avons entendu que le silence de la France (...) Un silence assourdissant", écrit M. Soro sur le site internet de l'hebdomadaire Journal du Dimanche.
L'ancien Premier ministre demande aussi au président Macron, qui avait salué le renoncement de Ouattara à briguer un troisième mandat en mars, de prendre position aujourd'hui que M. Ouattara est à nouveau dans la course à la présidence