Fil d'Ariane
Le Sénégal est entré en campagne, un sprint de deux semaines pour sortir de plusieurs mois de crise et choisir son cinquième président, lors d'une élection indécise comme jamais. Tour d'horizon des 17 prétendants à la magistrature suprême.
Des Sénégalais manifestent contre le report de l'élection présidentielle le 17 février à Dakar. Le scrutin présidentiel aura lieu le 24 mars.
Ancien chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères jusqu'en 2020 et ministre de l’Économie et des Finances de 2013 à 2019, Amadou Ba est un inspecteur des impôts sorti de l’École nationale d'administration et de magistrature de Dakar. Il se présente au nom du camp présidentiel en candidat "de la paix" et de la "prospérité partagée".
Amadou Ba, alors ministre des Affaires étrangères, au palais présidentiel de Dakar, le 16 février 2020.
Il promet de créer en cinq ans plus d'un million d'emplois (pour une population d'environ 18 millions) en misant sur un pacte public-privé et sur les investissements dans l'agriculture, l'industrie, les infrastructures et les énergies renouvelables.
Il évoque ainsi la mise en place de 22 "projets phares", dont les financements sont "acquis ou mobilisables": création d'agropoles, développement de zones de transformation des produits dérivés du pétrole et des minerais.
Les membres de coalition issue du Pastef, parti dissous, misent désormais sur Bassirou Diomaye Faye. Il remplace le leader du partis dissous d'Ousmane Sonko.
Bassirou Diomaye Faye est emprisonné depuis le mois d’avril 2023. Il est poursuivi pour "actes de natures à compromettre la paix publique". Le 6 mars dernier, les députés sénégalais ont voté une loi d'amnistie. Le président Macky Sall doit promulguer cette loi. Le principal candidat de l'opposition pourrait être donc très prochainement libéré.
Bassirou Diomaye Faye sur le plateau de TV5MONDE le 8 juin 2023.
Bassirou Diomaye Faye se veut le "candidat du changement de système". Il promet une réappropriation de "souveraineté", mot employé 18 fois dans son projet. Il entend renégocier les contrats des mines et des hydrocarbures. Il veut réévaluer les accords de pêche notamment avec les acteurs étrangers. Il désire renégocier les accords de défense avec la France.
Il veut également réformer les institutions. Il propose de limiter les pouvoirs du président et veut créer un poste de vice-président. ll veut mettre en circulation une monnaie nationale, le Sénégal, à la place du franc CFA hérité de la colonisation dans plusieurs pays africains.
Cet autre visage de l’opposition bénéficie d’une modification du code électoral, votée l’été dernier par l’Assemblée nationale, pour être habilité à se présenter. En 2018, cet ancien édile de Dakar a été reconnu coupable d’« escroquerie aux deniers publics », de « faux et usage de faux dans des documents administratifs » et de « complicité en faux en écriture de commerce ».
Écopant d'une peine de cinq ans de prison, il recouvre la liberté en 2019. Khalifa Sall, veut réformer une République "abîmée". Son "projet de société" s'ouvre sur les "valeurs" traditionnelles et familiales, les institutions, la justice, les libertés et les droits humains.
Khalifa Sall, candidat à la présidentielle du parti d'opposition Taxawu Senegal, le 16 février 2024 à Dakar.
Il propose de consacrer au moins 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d'euros) du budget national annuel à l'agriculture, de renégocier les accords de pêche. Il entend également procéder à un "état des lieux" de tous les contrats miniers, pétroliers et gaziers.
L’ex-maire de Thiès et ancien premier ministre, 64 ans, prépare sa quatrième campagne présidentielle consécutive. Il est deuxième du dernier vote en 2019 à la faveur notamment de nombreuses invalidations de candidats de l’opposition.
Il rallie ensuite la majorité présidentielle ce qui lui permet d'obtenir le poste de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), un organe consultatif jusqu’en avril 2023. À ce moment, l’annonce de sa candidature marque la rupture avec Macky Sall. Idrissa Seck a confirmé qu’il ne se rangerait pas sous la bannière présidentielle.
Images de l'ancien premier ministre Idrissa Seck et candidat à la présidentielle le 5 février 2012 lors d'un rassemblement à Dakar le 5 février 2012.
Il énonce 281 mesures, de principe ou concrètes. Il veut accélérer le processus de création d'une monnaie commune aux pays ouest-africains. Il consacre au minimum 60% des investissements publics aux territoires hors de Dakar
Il veut également renégocier les accords de pêche avec la Mauritanie, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Sierra Leone. Il entend rendre obligatoire le service militaire.
"Identifiez-moi comme la candidate des femmes, identifiez-moi comme la femme candidate, je l'assume pleinement. Par contre, je suis la candidate de tous les Sénégalais", dit-elle à l'AFP.
Anta Babacar Ngom à Dakar le 11 mars 2024 en pleine campagne présidentielle.
La cheffe d'entreprise de 40 ans, patronne depuis 2015 de la plus grande entreprise avicole du pays fondée par son père, la Sedima, a pour ambition de briser les barrières et devenir la première présidente de la République de son pays.
Son programme s'articule autour de la création d'emplois via l'aide au secteur privé, la protection de l'environnement, la gratuité des soins pour les plus vulnérables et une réforme du système éducatif avec des cours donnés dans les langues locales et non plus seulement en français.
Mahammed Dionne a été longtemps un fidèle de Macky Sall. Il a même été son chef de gouvernement de 2014 à 2019. Il a ensuite été pendant un an le Secrétaire général de la présidence du président sortant. Mahammed Dionne revient dans l'arene politique avec le soutien de son propre parti, Coalition Dionne.
Dans son programme présidentiel, il promet une plus grande indépendance de la justice. Une fois élu à la tête du pays l'ancien chef du gouvernement du président Macky Sall promet que le chef de l’État et son ministre de la Justice ne siègeront plus au Conseil supérieur de la magistrature.
Mahammed Dionne, devant ses partisans à Dakar en septembre 2023.
Il promet de renforcer le secteur de l’hôpital en donnant la possibilité à tous les Sénégalais d'avoir accès à la santé grâce à la mise en place d'une assurance maladie universelle.
Aly Ngouille Ndiaye est désormais un vieux routier de la vie politique sénégalaise. Ingénieur de formation, a longtemps été un fidèle de Macky Sall. Il est un des soutiens de la première campagne présidentielle de Macky Sall. Il est successivement ministre de l’Énergie, des Mines et de l'Industrie de 2012 à 2017. Il devient ensuite ministre de l’Intérieur de 2017 à 2020. Lors de la formation du gouvernement du Premier ministre Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye est nommé ministre de l'Agriculture, de l'Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire.
Après la décision du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat. Il espère être le candidat de la coalition présidentielle Benno Book Yakaar. En septembre 2023 peu de temps après la candidature de Amadou Ba, il démissionne du gouvernement et se présente ensuite à l'élection présidentielle.
Aliou Mamadou Dia est le candidat du Parti de l'Unité et du Rassemblement. Il a travaillé pour le PNUD, le Programme des Nations unies pour le développement, agence onusienne d'aide au développement.
Boubacar Camara est un ancien directeur général adjoint des douanes. Il milite pour un transfert de la capitale administrative à Thiès. Il entend également relancer le réseau ferroviaire dans le pays dans le cadre d'un investissement de plus de 4000 milliards de Franc CFA.
Mamadou Lamine Diallo est un intellectuel et homme politique. Il est le fondateur du Mouvement Tekki. Ingénieur de l'École Polytechnique de Paris et de l’École des Mines de Paris, il est Docteur en Économie de l'École des Mines de Paris en 1988. Cet économiste a travaillé entre autres pour la Banque mondiale. Il est député de l'Assemblée nationale.
Papa Djibril Fall est lui député à l'assemblée nationale. Il se présente comme le "candidat de la jeunesse et de l'espoir".
Né en 1961 à Dakar, Malick Gackou est un économiste. Il a obtenu un doctorat en sciences économiques à l'université de Varsovie. Il été ministre des sports en 2012 puis ministre du commerce et de l'Industrie et du Secteur informel en 2013. Il est aujourd'hui administrateurs de plusieurs sociétés privées.
Thierno Alassane Sall est ingénieur en télécommunications et en aviation civile. Il travaille ensuite à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), basée à Dakar
Mamadou Diao, 54 ans, est un candidat indépendant. Il a été le directeur de la Caisse des dépôts et consignations du pays. Il était dans la majorité présidentielle. Il refuse la candidature d'Amadou Ba et se présente comme un dissident du camp présidentiel.
Serigne Mboup est le maire de Kaolack, une ville de 345.000 habitants située à l'ouest du pays et candidat de la coalition And Nawle, And Suxali Sénégal. Il est le dirigeant de CCBM, un poids lourd de l'économie sénégalaise fondé par son père.
Déthié Fall, vice-président de Rewmi, est le candidat du Parti républicain pour le progrès (PRP). Originaire de Saint-Louis, cette figure de l'opposition a débuté sa carrière politique aux côtés d'Idrissa Seck.
Daouda Ndiaye, chef du département de parasitologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, est un candidat indépendant reconnu internationalement dans sa profession pour ses travaux. Natif de Pikine, en banlieue de Dakar, il dit vouloir aider les Sénégalais dans les domaines de la santé, l'éducation et la solidarité.