Dimanche 20 novembre, deux candidats seulement vont tenter de faire face au président en exercice Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, mais leurs chances sont faibles. L'un, Andrès Esono Ondo, est issu de l'opposition réprimée et l'autre, Buenaventura Monsuy Asumu, est accusé d'être un "faire-valoir".
Avec plus de 43 années à la tête du pays, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d'État encore vivant, hors monarchies, brigue un 6e mandat. Mais sa réélection laisse peu de place au doute tant les attaques du pouvoir contre l'opposition l'ont réduite à peau de chagrin depuis plus de 40 ans.
Réélu en 2016 avec 93,7% des suffrages, il semblait pourtant préparer ces dernières années un dauphin, l'un de ses fils, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, jet-setteur invétéré connu pour son train de vie luxueux et condamné en France dans l'affaire des
"biens mal acquis".
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Face à lui, Andrès Esono Ondo, 61 ans, secrétaire général de Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), seul parti d'opposition qui ne soit pas interdit, se présente pour la première fois en unique représentant d'une opposition muselée. Il a déjà déclaré redouter des cas de "fraude" lors de l'élection.
Andrès Esono Ondo fait également l'objet d'accusations récurrentes de la part du régime. En 2019, il est arrêté et détenu 13 jours au Tchad alors qu'il se rendait au congrès d'un parti d'opposition tchadien, Malabo l'accusant de fomenter un
"coup d'État en Guinée équatoriale avec un financement étranger".
Buenaventura Monsuy Asumu, du Parti de la coalition sociale démocrate (PCSD), est candidat pour la quatrième fois. Mais l'ancien ministre qui n'a jamais ramassé que des miettes lors des précédents scrutins, est accusé par l'opposition de servir de
"faire-valoir" au régime. Son micro-mouvement est l'un des alliés traditionnels du Parti Démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) du chef de l'État, notamment lors des élections locales.
Depuis plusieurs semaines, comme avant chaque scrutin, les forces de l'ordre mènent une impitoyable campagne d'arrestations d'opposants au motif récurrent, selon le régime, qu'elles ont déjoué un
"complot" de l'opposition qui prévoyait des
"attentats", notamment contre
"des ambassades occidentales et les domiciles de ministres".
"Fraude massive"
Mi-septembre, l'un des principaux opposants au président Obiang avait subi les foudres de cette répression.
Gabriel Nse Obiang Obono, ex-leader de Ciudadanos por la innovacion - Citoyens pour l'Innovation - (CI), dissous en 2018, avait été violemment arrêté avec 150 de ses partisans au siège de son parti à Malabo. L'opération avait causé la mort de cinq personnes, quatre militants et un policier d'après les autorités.
Cet événement
"a discrédité" le processus électoral, a déclaré à l'AFP Joaquin Elo Ayeto, coordinateur de
Somos+ Sociedad Civil, une ONG équato-guinéenne de défense des droits humains, qui assure que
"le parti au pouvoir avait besoin d'une ‘opposition’ pour organiser un simulacre d'élection".
En filigrane, les nombreuses accusations de
"fraude" qui ont entaché les dernières élections présidentielles marquées par des scores pléthoriques du président Obiang, réélu en 2009 (95,37%) et en 2016 (93,7%).
(RE)lire : Élections en Guinée Équatoriale : l'opposition dénonce fraudes et irrégularités "Les élections d'Obiang n'ont jamais été libres ou démocratiques, mais marquées par une fraude électorale massive et systématique", ont écrit dans un communiqué plusieurs membres de l'opposition, dont la plupart sont en exil, dénonçant les
"scandales" à chaque résultat.
Ces derniers ont exhorté
"tous les citoyens de Guinée équatoriale à ne participer à aucune phase du processus électoral", malgré l'obligation de voter, en vigueur dans le pays.