Fil d'Ariane
Avec plus de 38% des voix, le fils d'Etienne Tshisekedi remporte donc le scrutin, devant l'opposant Martin Fayulu, et le candidat de la majorité Emmanuel Ramazani Shadary.
Ces résultats interviennent alors que la pression internationale demeure forte. Une délégation de l'Union africaine est notamment attendue lundi à Kinshasa, alors que plusieurs chefs d'Etat africains avaient appelé jeudi la Cour constitutionnelle congolaise de suspendre la proclamation des résultats.
Quant à Martin Fayulu, arrivé deuxième du scrutin, il a été débouté de son recours. Le chef de la coalition Lamuka a d'emblée réagi sur son compte twitter : "Je me considère désormais comme le seul Président légitime de la RDC". Il a demandé à la communauté internationale de ne pas reconnaître Félix Tshisekedi et a appelé les Congolais à organiser "des manifestations pacifiques sur toute l'étendue du territoire national" pour protester contre la décision de la Cour constitutionnelle.
Je me considère désormais comme le seul Président légitime de la RDC. Dès lors je demande au Peuple congolais de ne pas reconnaître tout individu qui se prévaudrait illégalement de cette qualité ni obéir aux ordres qui émaneraient de lui. #RDCVote pic.twitter.com/d4vZwAEWEC
— Martin Fayulu (@MartinFayulu) 20 janvier 2019
Une ère difficile s'ouvre pour le nouveau président congolais dont le propre père, Etienne, avait lui-même contesté la réélection du président Kabila en 2011.
Félix Tshisekedi, 55 ans, va prendre la succession de Joseph Kabila dans un pays qui n'a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.
Son père avait dénoncé des fraudes lors de la réélection contestée de M. Kabila en 2011. C'est désormais lui, le fils, qui est accusé par une partie de l'opposition autour de M. Fayulu d'être complice d'un "putsch électoral" organisé par M. Kabila.
"Fatshi" - son surnom - est parti au combat avec l'appui de la machine de guerre fondée par son père dans les années 80 contre la dictature du maréchal Mobutu, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Il avait été désigné sans surprise président et candidat de l'UDPS lors d'un congrès en avril dernier au siège historique du parti à Limete, une des 26 communes de Kinshasa.
"Étienne était têtu et fier. Félix est plus diplomate, plus conciliant, plus à l'écoute des autres", témoigne un bon connaisseur de l'opposition congolaise.
Facilement reconnaissable à sa haute taille et sa carrure massive, l'homme est en effet d'un abord courtois, à l'écoute. Le ton de la voix est mesuré dans le tourbillon des passions électorales.
Contrairement à son père en 2011, il a fait équipe avec un "ticket", l'ex-président de l'Assemblée Vital Kamerhe, également candidat sous son propre nom en 2011.
Les deux hommes ont rompu en novembre un accord qu'ils avaient signé avec cinq autres opposants pour soutenir la candidature de Martin Fayulu.
► Pour aller plus loin : Le portrait de Félix Tshisekedi
Cette proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle apparaît comme un désaveu fait à l'Union africaine au moment où plusieurs chefs d'Etat, notamment le président en exercice, le rwandais Paul Kagame, mais aussi ses homologues angolais, sud-africain ou encore tchadien, étaient attendus ce lundi à Kinshasa.
L'UA, ainsi que les organisations régionales de la SADC et la CIRGL, ont fait part de leurs "sérieux doutes" sur la validité de ces résultats. La SADC a cependant félicité ce dimanche "le président élu Félix Tshisekedi" et demandé le "respect de la souveraineté" de la RDC. Peu après, l'UA a annoncé avoir "pris note" de la proclamation de Félix Tshisekedi comme président par la Cour constitutionnelle et"reporter" sa visite.
► Pour aller plus loin : Réactions après l'appel de l'Union africaine de suspendre la proclamation des résultats définitifs en RDC