Emmanuel Macron achève sa visite en Algérie avec un "partenariat renouvelé" entre les deux pays

Le président français, Emmanuel Macron, a visité un sanctuaire chrétien et le temple du raï à Oran, au dernier jour de sa visite en Algérie, avant de retourner sceller officiellement la relance de la relation bilatérale à Alger. Retour sur les principales annonces du déplacement du président français à Alger.
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MACRON TEBBOUNE POINT PRESSE
Le président français Emmanuel Macron avec le président Abdelmajid Tebboune lors d'un point presse commun le 25 août à Alger.
AP Photo/Anis Belghoul
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Le cortège du chef de l'État français a grimpé jusqu'au Fort de Santa Cruz sur les hauteurs d'Oran (ouest), découvrant une vue plongeante sur la baie de la deuxième ville d'Algérie, baignée par la Méditerranée.

La chapelle attenante, lieu de pèlerinage très prisé durant la colonisation française (1830-1962), reste un lieu de recueillement, et de promenade pour les Algériens.

Elle a été également le lieu de béatification de 19 religieux et religieuses catholiques, assassinés pendant la guerre civile algérienne (1992-2003), dont les sept moines de Tibéhirine et l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, première béatification organisée dans un pays musulman.

Le président français a ensuite rejoint ensuite la mini-boutique du label Disco Maghreb, emblématique du raï, courant musical très populaire dans les années 80, remis au goût du jour par le dernier morceau de DJ Snake.

Lire : Algérie,"Disco Maghreb" renaît de ses cendres grâce à DJ Snake

En bras de chemise et verre de thé à la main, il a devisé avec le patron du label, Boualem Benhaoua, 68 ans, qui lui a annoncé que "de nouveaux talents seraient prochainement enregistrés dans un studio du bord de mer". 
 

En sortant, le président français s'est réjoui qu'Oran et Disco Maghreb soient "encore l'épicentre du raï, d'une culture populaire, d'immenses d'artistes", avant de s'offrir un bain de foule impromptu, salué au cri de "Macron, Macron". Le président, arrivé vendredi soir dans cette ville réputée pour son ouverture d'esprit, a dîné avec l'écrivain Kamel Daoud et d'autres personnalités oranaises.

Avant de quitter Alger, il avait rencontré des jeunes entrepreneurs et du milieu associatif qui l'ont interpellé sur les problèmes de visas, le recul du français en Algérie et le contentieux mémoriel entre les deux pays.

Une nouvelle dynamique dans la relation bilatérale ?


Après des mois de crise diplomatique, liée à ce passé toujours douloureux, les présidents français et algérien Abdelmadjid Tebboune ont annoncé dès le premier jour de la visite d'Emmanuel Macron une nouvelle dynamique dans la relation bilatérale.

Ils la scelleront par la signature solennelle d'une déclaration commune pour un "partenariat renouvelé, concret et ambitieux", étape ajoutée à la dernière minute au programme du président Macron.

Avec l'Algérie, c'est "une histoire qui n'a jamais été simple. Mais une histoire de respect, d'amitié et, oserais-je le dire, d'amour", avait lancé vendredi M. Macron, en décrivant un partenariat élaboré "dans l'enthousiasme du moment", lors de multiples entrevues avec le président Tebboune et ses ministres.

Acceptation de 8000 étudiants algériens de plus cette année en France


Il s'agira d'"un partenariat nouveau pour et par la jeunesse", a anticipé le président français, annonçant d'ores et déjà l'acceptation de 8.000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30.000 jeunes.

Outre le dossier mémoriel autour de la colonisation française, la question des visas a empoisonné la relation bilatérale quand Paris a décidé à l'automne 2021 d'en diviser par deux le nombre octroyé en Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.

L'histoire ne peut pas s'écrire avec des mensonges (...) l'un des plus gros mensonges est de dire que l'Algérie a été créée par la France. On attendait que cette grossière contre-vérité soit effacée par Macron lors de cette visite. Cela n'a pas été le cas.
Le Soir d'Algérie, quotidien proche du pouvoir algérien.

Il s'agira de lutter contre l'immigration clandestine tout en assouplissant les procédures pour "les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et politiques qui nourrissent la relation bilatérale".

Mise en place d'une commission mixte d'historiens


Une commission mixte d'historiens français et algériens va aussi être créée pour "regarder" en face l'ensemble de la période de la colonisation, "sans tabou".

Lire : Colonisation et guerre d'Algérie, Emmanuel Macron récuse toute "repentance".

À Alger, la visite du président français ne faisait pas l'unanimité, beaucoup d'Algériens attendant des excuses en bonne et due forme de la part d' Emmanuel Macron pour la colonisation et pour ses propos de l'automne 2021, doutant de l'existence d'une nation algérienne avant le débarquement de l'armée française en juin 1830.


Voir : France - Algérie, Emmanuel Macron appelle à regarder le passé "avec courage.
 
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"L'histoire ne peut pas s'écrire avec des mensonges (...) l'un des plus gros mensonges est de dire que l'Algérie a été créée par la France. On attendait que cette grossière contre-vérité soit effacée par Macron lors de cette visite", a affirmé Le Soir d'Algérie paru samedi. Le Soir d'Algérie est un quotidien francophone, proche du pouvoir.

La question des droits humains


Appelé avant sa venue à "ne pas occulter" à Alger la "dégradation des droits humains dans le pays" par des associations de la diaspora, Emmanuel Macron a assuré avoir abordé le sujet avec le président Tebboune "avec beaucoup de liberté".

A propos du gaz algérien qui suscite toutes les convoitises, M. Macron s'est défendu d'être "allé à Canossa", c'est-à-dire d'en avoir quémandé à l'Algérie, soulignant le faible poids du gaz dans le mix énergétique français (environ 20%). 

Il a "remercié l'Algérie" d'avoir accru ses livraisons via le gazoduc Transmed à l'Italie, permettant d'"améliorer la diversification de l'Europe", auparavant trop dépendante du gaz russe.

Il a également plaidé pour "renforcer le partenariat avec l'Algérie" dans la lutte contre la menace jihadiste au Sahel, notamment pour "éviter que des mercenaires puissent fleurir dans la région, en particulier ceux de Wagner".

Ce groupe privé russe est actif au Mali dont l'armée française s'est récemment retirée.

La Russie est un allié traditionnel de l'Algérie à laquelle elle fournit l'essentiel de son armement.