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Vingt-sept ans après le génocide des Tutsi, il semblerait que les deux pays soient enfin prêts à tourner la page. La France se dit ouverte sur les questions mémorielles. C'est ce qu'affirme le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal : "La volonté du président de la République est de regarder notre histoire, notre passé, en face et en toute transparence".
Dès son arrivée à Kigali jeudi 27 au matin, Emmanuel Macron se rendra directement au Mémorial du génocide, situé à Gisozi, un quartier de la capitale, où sont inhumés les restes de plus de 250 000 victimes.
Au cours de ce moment de "solennité particulièdre" selon l'Élysée, il prononcera un discours très attendu en s'adressant notamment aux "rescapés" de ce génocide qui a fait plus de 800 000 morts, essentiellement au sein de la communauté tutsi, entre avril et juillet 1994.
Certaines associations attendent que le président Macron exprime, au nom de la France, des "excuses" pour le rôle joué par Paris entre 1990 et 1994. "Des excuses ne peuvent venir à la demande. Elles doivent être sincères. Ce n'est pas à moi, ou à quiconque, de demander des excuses", estime Paul Kagame dans un récent entretien au journal Le Monde.
Dès son arrivée à l'Élysée en mai 2017, Emmanuel Macron relance le travail de rapprochement entre la France et le Rwanda. Le président français a tout de suite cherché à cultiver de bonnes relations avec Paul Kagame. Ce dernier se présente en champion africain de l'environnement et du numérique.
Après l'élection, avec le soutien de Paris, de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie, une nouvelle étape est franchie. La remise en mars du rapport dirigé par l'historien Vincent Duclert sur le rôle de la France dans le génocide montre la volonté de l'exécutif français de régler les questions mémorielles.
Le rapport de Vincent Duclert a conclu aux "responsabilités lourdes et accablantes" et à l'"aveuglement" du président socialiste de l'époque François Mitterrand (1981 - 1995) et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
Pour concrétiser la normalisation, les deux présidents pourraient s'entendre sur le retour d'un ambassadeur français à Kigali. Un simple chargé d'affaires défend les intérêts français sur place depuis 2015.
Une autre étape sera l'inauguration par Emmanuel Macron du "centre culturel francophone" de Kigali, un établissement qui "aura vocation à faire rayonner non seulement la culture française mais aussi toutes les ressources de la francophonie, notamment des artistes de la région", selon la présidence.
Car, pour Paris, il s'agit d'envoyer un message global d'ouverture à la jeunesse africaine, qui peine à être convaincue de la volonté de l'ancienne puissance coloniale de tourner la page de la "Françafrique".