Fil d'Ariane
"A mon avis ils pensent que j'ai perdu la boule...", assure Nick Sloane. Il faut dire que son projet paraît fou mais ne l'est peut être pas tant que ça...
A 56 ans, ce Sud-Africano-Zambien propose de partir à la chasse aux icebergs pour approvisionner Le Cap en eau douce. La capitale d'Afrique du Sud rencontre une sècheresse jamais vue depuis un siècle.
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Nick Sloane s'est fait connaître il y a 4 ans avec le renflouement réussi du Costa Concordia, le paquebot échoué au large de l'île du Giglio, en Italie.
Dans son viseur désormais, des monstres de glace longs de 1000 mètres, larges de 500, sur 200 mètres de hauteur... à 2000 km des cotes sud-africaines.
On ne va pas être capable de remorquer un iceberg de cette taille, ça pèse 100 millions de tonnes, on veut juste influencer sa trajectoire. Ça, on peut le faire. Si on arrive à modifier cette trajectoire de 30, 40 degrés on l'amènerait dans des houles différentes, vers un autre système de courants. C'est comme deux trains sur des rails différents. L'un va vers l'océan austral, l'autre vers Le Cap.
Nick Sloane, expert en renflouements maritimes
Emballé dans un tissu isolant, l'iceberg serait ensuite stocké plus au nord dans la baie de Sainte Hélène, là où les eaux sont plus froides. L'eau serait récoltée pendant 1 an, à raison de 150 millions de litres par jour, soit 25 à 30 % de la consommation de la capitale.
Reste à convaincre la municipalité qui devrait débourser 160 millions de dollars pour UN iceberg... avec tous les risques que comporte une première mondiale
"A ce stade, il nous semble que les solutions d'utilisation des eaux sous-terraines ou de désalinisation reviendraient moins cher, ou auraient un coût égal, explique Ian Nielsen, adjoint au maire du Cap. Il y a aussi la question de savoir comment on récupèrerait l'eau d'un iceberg pour l'injecter dans notre système de distribution, on ne sait pas si c'est techniquement possible."
Depuis 40 ans, des projets similaires ont émergé pour le compte de l'Arabie saoudite ou des Iles Canaries, mais n'ont pas abouti faute de financement. Leurs auteurs : un glaciologue norvégien et un ingénieur français sont aujourd'hui associés au projet sud-africain, de même qu'une société suisse.
L'équipe se dit en mesure de faire venir un iceberg d'ici Pâques, si la ville du Cap donnait son feu vert.