A la suite de la guerre, une deuxième phase s’enclenche, celle de la réconciliation nationale et de la reconstruction. Elle est portée par des financements, chinois principalement, et par les rentes de la manne pétrolière, qui coïncidaient avec un moment où les cours du pétrole étaient hauts.
Enfin, on ne peut pas évoquer la présidence dos Santos sans s’attarder sur le système de gouvernance. A savoir, un pouvoir autoritaire qui laissait peu de place aux visions critiques, fondé sur le népotisme et des pratiques de corruption et, tout du moins, un évident manque de transparence.
TV5MONDE : Peut-on affirmer que son règne a significativement modifié le visage du pays, tant d’un point de vue économique qu’au niveau de l’influence régional ?
Estelle Maussion : Ce qui était frappant à l’époque et qui le reste encore maintenant, c'est cette phase de reconstruction notamment en termes d’infrastructures. On est passé d’un pays ravagé à un pays reconstruit, c’est un acquis indéniable, eu égard aux conditions dans lesquelles elle a été permise. Le changement a été marquant, notamment dans les années 2010 dans la capitale, Luanda, qui était surplombée d’innombrables grues. L’essor économique s’est traduit par des taux de croissance importants, portés par les cours du pétrole.
Le bémol, c’est que ces épisodes prospères étaient cycliques. Quand les cours étaient hauts, les recettes affluaient. A l’inverse, comme cela a été le cas à partir de 2014 et pendant plusieurs années, la chute des cours donnait lieu à des épisodes plus compliqués. Autre ombre au tableau, ces phases d’essor n’ont pas entraîné de réductions des inégalités ni d’améliorations notables des conditions de vie de la population. Elles ont surtout bénéficié à un camp, celui du MPLA lié au pouvoir.
Quant à l’aspect de l’influence régionale, il est indéniable que l’Angola a fait de gros efforts sur le plan diplomatique. Elle a notamment voulu jouer un rôle de pacification dans la région des Grands Lacs et avec ses voisins. Dos Santos avait, en outre, la volonté de réaffirmer son poids sur le plan diplomatique à l’échelle internationale en mettant un point d’honneur à maintenir des relations avec le plus d’intensité possible. C’est-à-dire être capable de discuter tant avec la Chine, les Etats-Unis, le Brésil, l’Europe, etc.
Sur le papier, l’Angola est une république avec des attributs et un fonctionnement démocratiques, une séparation des pouvoirs, plusieurs parties etc. Dans les faits, il s’agit d’un pouvoir très centralisé autour de la personne de dos Santos et autoritaire
Estelle Maussion, journaliste au service économie de Jeune Afrique
TV5MONDE : Jose Eduardo dos Santos assurait avoir établi un système démocratique. Dans les faits, la réalité était tout autre. Il n’a d’ailleurs jamais été élu directement par les Angolais.
Estelle Maussion : Sur le papier, l’Angola est une république avec des attributs et un fonctionnement démocratiques, une séparation des pouvoirs, plusieurs parties etc. Dans les faits, il s’agissait d’un pouvoir très centralisé autour de la personne de dos Santos et autoritaire. Cela s’explique par plusieurs facteurs : dos Santos était à la fois le président du pays et du parti et concentrait beaucoup de pouvoirs.