En Éthiopie, les rebelles du Tigré lancent une nouvelle offensive

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Un pont au dessus de la réivière Tékézé au Tigré
AP/ BEN CURTIS
Les forces rebelles ont lancé une nouvelle offensive dans la région éthiopienne du Tigré et affirment avoir pris le contrôle de la ville d'Alamata dans le sud du Tigré. Ici, sur ce cliché du 7 mai 2021 des soldats du Front de libération du peuple du Tigré se félicitent après la capture de la ville de Hawzen.
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Carte de l'Ethiopie montrant la région du Tigré
© TV5 MONDE
Carte de l'Ethiopie et de la région du Tigré.
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Les forces rebelles ont lancé une nouvelle offensive dans la région éthiopienne du Tigré, selon un de leurs porte-parole ce 13 juillet. Celle-ci intervient deux semaines après une première offensive qui avait conduit le gouvernement à déclarer un cessez-le-feu.
"Hier, nous avons lancé une offensive dans la région de Raya (sud du Tigré) et nous sommes parvenus à mettre en déroute les divisions des forces de défense fédérales et des forces amhara", a affirmé par téléphone ce 13 juillet à l’Agence France Presse, Getachew Reda, porte-parole du Front de Libération du peuple du Tigré.

"Nous sommes parvenus à sécuriser la majorité du sud du Tigré", a-t-il ajouté, précisant contrôler notamment Alamata, principale ville de larégion et où il affirme se trouver.
 
Carte de l'Ethiopie montrant la région du Tigré
Carte de l'Ethiopie et de la région du Tigré.
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Un porte-parole de l'armée fédérale n'était pas joignable dans l'immédiat, et il était impossible de vérifier les affirmations de M. Getachew, les réseaux de communication étant pratiquement coupés dans la région.  

Un conflit de plus de huit mois

Le Premier ministre Abiy Ahmed avait lancé le 4 novembre une opération militaire dans cette région de l'extrême nord de l'Éthiopie pour chasser et désarmer, après des mois de tensions croissantes, les autorités locales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). 

Fin novembre, après la prise de la capitale régionale Mekele, le gouvernement, épaulé dans ce conflit par des troupes venues de l'Erythrée voisine et de la région Amhara, qui borde le Tigré au sud, avait proclamé la victoire. Mais les combats se sont poursuivis pendant huit mois. 

(RE)lire  : Éthiopie : les racines du conflit au Tigré

Fin juin, l'armée s'est retirée face à une avancée éclair des troupes pro-TPLF, qui ont repris le 28 juin Mekele, située à l'est, ainsi qu'une majorité du Tigré les jours suivants. 

(RE)voir : Ethiopie : les rebelles célèbrent leur reconquête de la capitale du Tigré
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Dans la foulée, Addis Abeba avait déclaré un cessez-le-feu et retiré l'armée. D'abord qualifié de "blague" par les forces tigréennes, nommées Forces de Défense du Tigré (TDF), le principe de ce cessez-le-feu avait ensuite été accepté sous conditions. Parmi elles figuraient le retour des forces amhara et érythréennes "à leurs territoires d'avant-guerre".

L'offensive de lundi 12 juillet concerne donc les zones sud et ouest du Tigré, contrôlées depuis le début de la guerre par les Amhara, qui revendiquent de longue date ces territoires.

"Nous avons promis de libérer chaque centimètre carré du Tigré", a ajouté Getachew Reda. Il a rajouté que les combattants rebelles étaient toujours ce 13 juillet "aux trousses" des forces pro-gouvernementales dans le sud. "Nous ne voulons pas leur donner une chance de se regrouper"

Il a également affirmé que des combats étaient en cours dans l'ouest, sans donne plus de précision, dans cette zone située aux confins de l'Ethiopie, de l'Erythrée et du Soudan. 

Cette offensive a été lancée deux jours après l'annonce, samedi 10 juillet, des résultats des élections parlementaires du 21 juin, où le Parti de la prospérité de M. Abiy a remporté une victoire écrasante. 

Des violences ethniques touchent plusieurs zones de l'Ethiopie et au Tigré les massacres et le spectre grandissant de la famine ont terni son image de jeune dirigeant réformateur et lauréat du prix nobel de la Paix en 2019.

1,8 millions d'Éthiopiens "au bord de la famine"

Selon l'ONU, plus de 400.000 personnes ont "franchi le seuil de la famine" au Tigré et 1,8 million de personnes supplémentaires "sont au bord de la famine". Dès juin, l'agence de l'ONU pour la sécurité alimentaire parlait de 33 000 enfants en état de malnutrition sévère et de 350 000 personnes en proie à la famine. Mais l'aide humanitaire peine à accéder à la région. 

Le 13 juillet, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé dans un communiqué qu'un convoi de 50 camions était arrivé à Mekele, transportant 900 tonnes de nourriture et des équipements d'urgence. 

Mais cet organe de l'ONU affirme que "le double de camions doit arriver chaque jour au Tigré pour répondre aux immenses besoins humanitaires dans la région".
 
Les principales dates du conflit au Tigré

Le 9 septembre 2020, le TPLF, représentant la minorité tigréenne en Ethiopie remporte un scrutin régional, élection jugée «"illégale"par le PM Abiy Ahmed.
Le 4 novembre 2020, Abiy Ahmed annonce une opération militaire contre le Tigré qu’il accuse d’avoir attaqué deux bases militaires.
Le 12 novembre 2020, Abiy Ahmed annonce "la libération" du Tigré occidental et de sa capitale Mekele.
Le 14 novembre 2020:  l'armée des forces rebelles, TPLF, tire de roquettes contre l’aéroport d’Asmara capitale de l’Erythrée, qu’il accuse d’aider l’armée fédérale éthiopienne.
Le 17 novembre 2020 : Abiy Ahmed affirme contrôler plusieurs villes de l'est du Tigré, notamment Mehoni, à 125 km au sud de Mekele.
Le 20 novembre, les forces du Tigré tirent des roquettes sur la région voisine d'Amhara.
Le 26 novembre : Abiy Ahmed lance une offensive et prend le contrôle de Mekele le 28 novembre.
Le 27 mars 2021 : Abiy Ahmed annonce le départ des troupes érythréennes du Tigré.
Le 8 mai 2021 : le chef de l’église orthodoxe éthiopienne dénonce la présence de l’armée éthiopienne au Tigré.
Le 29 juin 2021 : les forces rebelles du Tigré reprennent Mekele.
Le 30 juin : le gouvernement éthiopien d'Abiy Ahmed annonce un cessez-le-feu unilatéral.