En RDC, l'eau du lac Kivu cruciale dans la lutte contre Ebola

Le lac Kivu est devenu un point névralgique pour les autorités sanitaires dans la lutte contre la propagation d’Ebola. Pour prévenir la transmission de la maladie, les Congolais doivent prendre des précautions nécessitant une eau propre. A Goma, cette eau est principalement issue du lac.
Image
femme-eau-unicef-ebola
Une Congolaise lavant ses mains à l'eau chlorée pour prévenir la transmission d'Ebola.
© Ronald Kabuubi - AP
Partager 3 minutes de lecture
La lutte contre Ebola à Goma, carrefour commercial en proie à de graves pénuries d'eau dans l'est de la République démocratique du Congo, dépend de la générosité du lac Kivu qui alimente en eau les équipes sanitaires.

Une règle d’or pour éviter la propagation d’Ebola : se laver les mains régulièrement. A Goma, l’équipe de la riposte à Ebola a besoin de 33 mètres cubes d’eau par jour pour ravitailler une dizaine de points de contrôle de la maladie, indique Léon Salibaya, un responsable de l'équipe chargée de la prévention et contrôle des infections.

L'eau du lac nous aide particulièrement dans la prévention, car elle est abondante.
 

L'eau du lac nous aide particulièrement dans la prévention, car elle est abondanteJean Nepo, superviseur de la riposte contre Ebola au port public de Goma à l'AFP.

Une eau précieuse dans la région

Trouver de l'eau est pourtant un casse-tête à Goma. Le réseau de distribution géré par l'opérateur public, la Regideso, est vétuste et ne couvre pas l'ensemble des quartiers de cette ville d'environ deux millions d'habitants.

"L'opérateur public ne couvre que la moitié des besoins en eau des habitants de la ville", selon Mutete Mwenyemali, un responsable administratif local.

Tous les jours de nombreuses personnes vont s’approvisionner au lac, au bord duquel s'alignent les camions citernes dans l'attente du pompage.

Les responsables de la riposte organisent plusieurs rotations de camions-citernes au quotidien. Une fois récupérée, l'eau du lac est traitée au chlore, puis distribuée dans les réservoirs situés aux différents points de contrôle.

Placés en hauteur, ces réservoirs - estampillés OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) ou Unicef (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) - sont visibles dans la ville au niveau des points de contrôle. Des membres des équipes de la riposte y puisent de l'eau chlorée qui sert au lavage des mains des passants.

Mobiles, certains agents vont vers des passants munis des carafes à pression, les obligeant à se laver les mains pour les désinfecter avant de poursuivre leur chemin.

Déjà 1930 morts en RDC à cause de la maladie

Depuis une année, la RDC lutte contre la dixième épidémie d'Ebola sur son sol. La maladie qui se transmet par contact humains directs et étroit a déjà tué plus de 1.930 personnes. Cette épidémie a longtemps été cantonnée aux régions rurales du Nord-Kivu (essentiellement Beni et Butembo) et en Ituri voisine.

Mais quatre cas, dont deux mortels, sont récemment apparus à Goma, avec les risques de propagation propres à une grande ville densément peuplée, du surcroît plate-forme de transport régionale. Cette évolution a amené l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à élever l'épidémie au rang d'urgence sanitaire mondiale.

Les points de contrôle publics où les lavages des mains sont obligatoires sont notamment situés au port, à la frontière avec le Rwanda et dans quelques artères très fréquentées de Goma.

Le lac Kivu est un élément essentiel de l’arrêt de la propagation de la maladie mais aussi une ressource précieuse pour la population locale. Ici tout le monde récupère cette eau : les particuliers, les hôtels, les écoles, les centres de santé, les débits de boisson.

Les foyers ne sont pas en reste. Des femmes, des jeunes, filles et garçons, portant des bidons jaunes convergent toute la journée en petits groupes vers le lac pour y puiser de l'eau. Ils en profitent aussi pour prendre un bain. Pendant ce temps, des femmes font la lessive ou la vaisselle.
 
Si le lac n'était pas là, ça serait catastrophique.  Jacques Sinzahera, activiste pro-démocratie.
"Si le lac n'était pas là, ça serait catastrophique. Peut-être que les équipes de la riposte iraient prendre l’eau ailleurs, peut être au Rwanda, mais ça serait terrible. Le lac, c’est notre seule source de vie en eau potable ", explique Jacques Sinzahera, activiste pro-démocratie.