En RDC, quel bilan après un an de présidence de Félix Tshisekedi ?

Il y a tout juste un an, Félix Tshisekedi, fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, prêtait serment à l'issue d'élections controversées. Aujourd'hui le président congolais peine toujours à s'imposer sur le plan intérieur alors que des avancées notoires ont été accomplies sur la scène internationale. Un an plus tard, où en sont ses promesses électorales ? Eléments de réponse...
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Tshisekedi Kabila
Felix Tshisekedi (à droite) et son prédécesseur, Joseph Kabila, lors de la passation de pouvoir le 24 janvier 2019 à Kinshasa. ©AP Photo/Jerome Delay
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Kinshasa, 24 janvier 2019, Félix Tshisekedi prête serment devant plusieurs milliers de personnes au Palais de la nation. Une investiture où aucun dirigeant africain n'avait fait le déplacement à l'exception du président kenyan, Uhuru Kenyatta. Signe, s'il en est, que l'attelage politique formé avec l'ancien président Joseph Kabila, n'avait que très peu convaincu.
 

Tensions politiques persistantes

Le 24 janvier 2019, une partie des Congolais et les diplomates poussaient un "ouf" de soulagement: sous pression depuis deux ans, Joseph Kabila remettait les armoiries de la République à l'opposant Tshisekedi, première transition sans effusion de sang depuis l'indépendance en 1960.

Selon les résultats des élections du 30 décembre 2018, Félix Tshisekedi était élu président, et les pro-Kabila conservaient la majorité à l'Assemblée et dans les 26 provinces. Ces résultats ouvraient la voie à une coalition entre les deux hommes négociée avant même le jour du vote le 30 décembre 2018.

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Mais les deux partenaires ont mis neuf mois à s'entendre sur un gouvernement pléthorique de 67 membres, dont les 2/3 sont des fidèles à Joseph Kabila.

"L'apaisement politique et social" est la plus grande réussite du président Tshisekedi, estime un diplomate en poste à Kinshasa. Ce qui n'empêche pas les autorités provinciales d'interdire parfois des manifestations de l'opposition, comme celle de Martin Fayulu vendredi dernier à Kinshasa. 

L'opposant et ex-candidat voulait marcher contre les massacres dans l'Est et la "balkanisation" de la RDC. Il revendique depuis un an la victoire à la présidentielle et accuse la coalition au pouvoir d'avoir "fabriqué" des résultats.

(Re)voir : RDC : la police empêche une marche interdite initiée par Martin Fayulu

Signe de tensions persistantes au sein de la coalition : Félix Tshisekedi a menacé pour la première fois publiquement de "virer" des ministres, voire de dissoudre l'Assemblée nationale en cas de crise persistante avec ses partenaires au pouvoir, qui contrôlent le Parlement, avec de solides relais dans les forces de sécurité.

 

Crise humanitaire aïgue

 

Lors de sa prestation de serment, Félix Tshisekedi avait promis de libérer tous les "prisonniers politiques" et d'améliorer le respect des droits humains en RDC.
Un an après, l'ONG Amnesty international estime que "l’insécurité et l’impunité continuent d’entraver la progression des droits humains". "Bien que le président Félix Tshisekedi ait pris des mesures positives, telles que gracier des prisonniers politiques et autoriser des détracteurs en exil à rentrer, des seigneurs de guerre et des auteurs présumés de terribles atteintes aux droits humains demeurent en liberté du fait de l’immobilisme de son gouvernement", assure Amnesty.

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Dans l'Est de la République démocratique du Congo, les combats déplacent des milliers de civils exposés à la faim et aux maladies (choléra, rougeole, paludisme).

La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a commencé sa visite en RDC deux semaines après la publication d'un rapport onusien selon lequel "au moins 701 personnes ont été tuées" dans des violences intercommunautaires en Ituri depuis fin 2017. Celles-ci pourraient représenter des "crimes contre l'humanité" voire un "génocide", selon ce  rapport de l'ONU. Au cours de sa visite, l'ancienne présidente chilienne devrait visiter un camp de déplacés et rencontrer des victimes de tortures et de violences sexuelles, avant de s'entretenir à Kinshasa avec le président congolais.
 

Bilan économique : les chantiers en cours


La République démocratique du Congo est le plus grand pays francophone au monde. Avec plus de 81 millions d'habitants, c'est aujourd'hui une des nations qui comptent en Afrique et particulièrement dans la région des Grands Lacs. Riche en minerais (or, coltan, cobalt...) , la RDC est l'objet de convoitises de la part de grands acteurs économiques venus du monde entier.

Dernièrement, Félix Tshisekedi a participé à de grands sommets d'investissement : à Sotchi en octobre 2019 et à Londres en début de semaine. La Russie et le Royaume-Uni souhaitant investir sur le continent afin de ratrapper le retard pris sur leurs concurrents chinois ou français. De ce fait, la RDC est un pays intournable : ressources minières, forestières, agriculture, infrastructures, services.... beaucoup reste à faire.

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Mais la RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu moyen de 457 dollars par an et par habitant. La faute, en partie à une corruption intensive : la RDC occupe la 161e place - sur 180 - dans le classement de Transparency international sur la corruption publié en janvier 2019.
Une corruption à laquelle Félix Tshisekedi a promis de s'attaquer lors d'un discours en décembre dernier : "Tous ces réseaux seront démantelés. Et je serai intraitable dans la lutte contre la corruption" a-t-il promis devant les parlementaires congolais.

 

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Sur la scène internationale : sortie de l'isolement

En un an, le pays est sorti de son isolement. Le président Tshisekedi a multiplié les déplacements, notamment en Belgique en France, aux Etats-Unis, en Allemagne et début janvier au Royaume-Uni et au Vatican où il a rencontré le pape François.

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Il a renoué de bonnes relations avec ses voisins à commencer par le Rwanda et l'Ouganda, pour tenter de ramener la paix dans l'Est de la RDC, où des dizaines de groupes armés entretiennent des conflits de basse intensité.