Fil d'Ariane
Les corps de 14 autres migrants, dont six femmes, ainsi que celui du "capitaine" tunisien du bateau sinistré ont été repêchés lors des opérations de recherche menées par les garde-côtes, a indiqué jeudi le porte-parole de la Garde nationale tunisienne dans un communiqué. Cela porte à portant à 24 le bilan des morts du naufrage d'un bateau qui se rendait clandestinement vers l'Europe.
Les garde-côtes avaient annoncé mercredi avoir récupéré dix corps de migrants d'Afrique subsaharienne après ce naufrage qui s'était produit mardi en Méditerranée au large de Sfax dans le centre-est de la Tunisie. "Soixante-douze migrants ont été secourus et dix corps ont été repêchés après le naufrage du bateau mardi", au large de Sfax dans le centre-est de la Tunisie. Interrogé par l'Agence France-Presse, le porte-parole de la garde nationale, Houssem Jebabli, précise que les morts étaient des ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne.
Le porte-parole a par ailleurs annoncé que 41 migrants tunisiens, dont cinq femmes et neuf enfants, avaient été "secourus" au large de Sousse, dans l'est du pays.
Le premier trimestre de l'année 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017 avec 441 vies perdues en tentant d'atteindre l'Europe, a déclaré l'ONU mercredi 14 avril.
L'Organisation internationale pour les Migrations des Nations unies (OIM) a estimé que ce chiffre de 441 décès est en deçà de la réalité.
"Avec plus de 20.000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains que ces décès aient été normalisés", a-t-il averti, ajoutant que "les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les États coûtent des vies humaines".
L'organisation onusienne a précisé que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l'année, entraînant la mort d'au moins 127 personnes sur les 441 autres.
De son côté, l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a estimé que les traversées illégales de frontière en Méditerranée centrale atteignaient presque 28.000, également au premier trimestre 2023, soit trois fois plus que durant la même période de 2022.
Les migrants utilisant cette route sont originaires le plus souvent de Côte d'Ivoire, de Guinée et du Pakistan.
Des dizaines de migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont péri ces dernières semaines après le naufrage au large de la Tunisie de bateaux de fortune les transportant clandestinement vers l’Europe.
La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, majoritairement originaires de pays d'Afrique subsaharienne, vers l'Italie.
Les départs se sont intensifiés après un violent discours le 21 février du président tunisien Kaïs Saïed pourfendant l'immigration clandestine.
M. Saïed avait affirmé que la présence en Tunisie de "hordes" d'immigrés clandestins provenant d'Afrique subsaharienne était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" visant à "changer la composition démographique" du pays.
Après ce discours, une partie importante des 21.000 ressortissants d'Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins.
La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement par la mer vers l'Europe.
Le vendredi 7 avril, la garde nationale a annoncé avoir secouru ou intercepté "14.406 personnes dont 13.138 originaires d'Afrique subsaharienne, le reste étant des Tunisiens", sur les trois premiers mois de l'année, soit plus de cinq fois le nombre recensé pour la même période de 2022.
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Selon le ministère de l'Intérieur italien, plus de 14.000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année, contre un peu plus de 5.300 durant la même période l'an dernier.
Des milliers de migrants ont atteint les côtes italiennes, notamment les rivages de l'île de Lampedusa au cours des derniers jours après avoir accompli la périlleuse traversée à bord d'embarcations de fortune depuis les côtes nord-africaines.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk s'est inquiété jeudi de la "situation précaire" des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale, appelant à "des efforts concertés pour assurer leur sauvetage rapide et un traitement digne, efficace et approfondi dans un lieu sûr".
"Nous constatons une forte augmentation du nombre de personnes désespérées qui mettent leur vie en danger", a ajouté M. Türk dans un communiqué. "Nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser et de nous enliser dans un nouveau débat sur les responsabilités. Des vies humaines sont en jeu".