A l’endroit même où la jeune femme s’est fait exploser, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) battent leur plein comme si jamais rien ne s’était passé.
"Le public est là, les invités sont là, tous présents, constate Lamia Belkaid Guiga, déléguée artistique des JCC. On n’a eu aucune annulation. C’est magique!"
Annuler pour des raisons de sécurité. Est-ce-que la direction du festival s’est posé la question? "Jamais, assure Nejib Ayed, le directeur des JCC. Il aurait suffit qu’on recule d’une journée pour que leur objectif soit atteint."
Pareil en 2015, pendant le festival… Un attentat en plein Tunis fait 12 victimes.
Les projections se poursuivent. Ne jamais céder à la peur et évoquer la radicalisation dans la programmation. Cette année, avec "Weldi" ("Mon Cher enfant") qui raconte ce père de la classe moyenne dont le fils part combattre en Syrie. Ou "Fatwa" de Mahmoud Ben Mahmoud qui parle de la radicalisation de jeunes Tunisiens.
Lutter contre l’obscurantisme. Jusqu’à rouvrir des salles de cinémas. Comme celle-ci, fermée depuis 2011 après une attaque de salafistes. "Nous dépensons énormément d’argent pour l’équiper pour les JCC, c’est un symbole.", témoigne Nejib Ayed, le directeur des JCC.
Lutter pour la réalisatrice tunisienne Erige Sehir, c’est s’intéresser à tous les sujets sauf au terrorisme. Comme dans « La voie normale » qu’elle présente au festival. Une plongée dans l’univers des cheminots tunisiens. Un documentaire poétique qui en dit long sur la difficile transition démocratique.
"On attend beaucoup du monde arabe et des réalisateurs du monde arabe d’avoir des sujets engagés, des sujets qui sont liés aux obsessions européennes sur la question du terrorisme et sur la radicalisation, raconte-t-elle. Et pour ma part, c’est tout le contraire que j’ai envie de faire."
Les JCC se déroule dans le calme, avec un dispositif de sécurité certes renforcé.