Fil d'Ariane
Meurtres, torture, esclavage,... Les migrants détenus en Libye sont victimes d'atroces exactions. Les femmes sont violées en échange de nourriture et d'eau, ont dénoncé des enquêteurs de l'ONU ce 29 juin.
Le chaos règne en Libye depuis la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Des responsables libyens se retrouvent cette semaine à Genève pour discuter du projet de cadre constitutionnel pour les élections en Libye où deux gouvernements se disputent le pouvoir. Dans ce contexte, la Mission d'enquête de l'ONU sur la Libye a publié ce mercredi un nouveau rapport accablant.
Les migrants, qui tentent de trouver un passage vers l'Europe, disent avoir "subi des violences sexuelles de la part de trafiquants et de passeurs, souvent dans le but d'extorquer leurs familles", selon ce rapport. "L'ONU a des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité sont commis contre des migrants en Libye", souligne-t-elle, réaffirmant ce qu'elle avait déjà indiqué précédemment.
Ces milliers de migrants sont détenus dans des centres gérés par la Direction de la lutte contre la migration illégale (DCIM). Les installations sont contrôlées par des groupes armés non étatiques ou des trafiquants.
Détenus de façon "arbitraire et systématique", ils sont victimes de "meurtre, de disparition forcée, de torture, réduits à l'esclavage, subissent des violences sexuelles, des viols et d'autres actes inhumains".
Elles disent avoir été contraintes d'avoir des rapports sexuels (...) en échange de nourriture ou d'autres produits essentiels.
Extrait du rapport de Mission d'enquête de l'ONU sur la Libye sorti ce mercredi
Les femmes migrantes, y compris mineures, sont particulièrement vulnérables à ces violences sexuelles. Elles disent avoir été "contraintes d'avoir des rapports sexuels (...) en échange de nourriture ou d'autres produits essentiels". C'est ce que décrit l'une d'elle, retenue en captivité à Ajdabiy. Ses ravisseurs exigeaient des rapports sexuels en échange d'eau pour son enfant malade de six mois.
"Certaines femmes et filles migrantes se font poser un implant contraceptif avant de s'y rendre. Elles cherchent à éviter une grossesse non désirée due à ces violences", indiquent les auteurs du rapport.
La mission d'enquête, créée en juin 2020 par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, est chargée de documenter les exactions commises en Libye depuis 2016. Son mandat s'achève mais le groupe des pays africains a déposé un projet de résolution pour le prolonger de neuf mois. Il sera discuté en fin de semaine prochaine.
En octobre dernier, les enquêteurs avaient assuré que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité avaient été commis en Libye depuis 2016, y compris dans les prisons et contre les migrants. La liste des auteurs présumés de ces atrocités reste toutefois confidentielle.