Espagne-Maroc : au moins 18 migrants sont morts lors d'une tentative massive d'entrée à Melilla

Près de 2000 migrants ont tenté de s'introduire sur le territoire espagnol en prenant d'assaut une clôture. Les victimes ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer".  lls ont pris d'assaut Melilla, une enclave espagnole en territoire marocain. Cette tentative d'entrée massive en Espagne est la première depuis la normalisation mi-mars des relations entre Madrid et Rabat.
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Des migrants marocains essaient d'entrer en espagne
Des migrants, qui ont traversé la clôtures séparant le Maroc et l'Espagne à Melilla , le vendredi 24 juin 2022.
AP Photo/Javier Bernardo
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C'est un nouveau drame de la migration aux portes de l'Union européenne. Au moins 18 migrants d'origine africaine sont morts lors d'une tentative d'entrée vendredi 24 juin dans l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc. "Treize migrants en situation irrégulière blessés lors de l'assaut contre la ville de Melilla sont décédés dans la soirée des suites de leurs graves blessures", indique une source des autorités de la province de Nador. Situées sur la côte nord du Maroc, Melilla, une enclave espagnole, fait régulièrement l'objet de tentatives d'entrée de la part de migrants cherchant à rejoindre l'Europe.

Maroc : des migrants tentent de rentrer à Melilla, en Espagne

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Un premier bilan de ces mêmes autorités faisait état de cinq morts et 76 blessés, dont 13 grièvement, parmi les migrants, et de 140 membres des forces de l'ordre blessés, dont 5 grièvement. Les victimes ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer". Elle sépare l'enclave espagnole du territoire marocain. Cela se serait produit lors d'"un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants", a précisé la même source.Cette tentative d'entrée massive a débuté vers 06H40 lorsqu'un groupe de "près de 2.000 migrants (...) a commencé à s'approcher de Melilla", selon la préfecture. "Plus de 500" d'entre eux  ont ensuite forcé l'entrée du poste frontalier avec "une cisaille", a ajouté la préfecture. Selon elle, 133 sont parvenus à rentrer.

(Re)lire: Immigration clandestine : l'UE veut "élargir" sa coopération avec le Maroc

Au Maroc, des appels à une enquête indépendante

En déplacement à Bruxelles pour un sommet de l'Union Européenne, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a dénoncé un "assaut violent" fomenté par des "mafias qui font du trafic d'êtres humains".  Il a également  dénoncé "une attaque contre l'intégrité territoriale" de l'Espagne.

Des médias espagnols avaient déjà fait état de violences ces derniers jours entre clandestins et policiers dans la zone frontalière de Melilla. L'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a réclamé l'ouverture d'"une enquête sérieuse pour déterminer les circonstances de ce bilan très lourd". Celui-ci montre que "les politiques migratoires suivies sont mortelles avec des frontières et des barrières qui tuent".

Cette tentative d'entrée massive en Espagne est la première depuis la normalisation mi-mars des relations entre Madrid et Rabat, après une brouille diplomatique de près d'un an. La crise entre les deux pays avait été provoquée par l'accueil en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, en avril 2021. Il a été soigné du Covid-19, dans le pays.

Madrid veut la coopération de Rabat dans le contrôle de l'immigration illégale

La brouille a eu pour point culminant l'entrée en mai 2021 de plus de 10.000 migrants en 24 heures à Ceuta, l'autre enclave espagnole en territoire marocain. Le relâchement des contrôles côté marocain n'est pas passé du côté de Madrid. L'Espagne avait alors dénoncé une "agression" de la part de Rabat, qui avait rappelé son ambassadrice en Espagne.

Pedro Sanchez a mis fin à cette brouille en soutenant publiquement le plan marocain d'autonomie pour le Sahara occidental. Il s'agit d'une ancienne colonie espagnole contrôlée à 80% par Rabat mais revendiquée par le Polisario, soutenu par l'Algérie. Début avril, le roi Mohammed VI l'avait reçu à Rabat pour sceller cette réconciliation.

Pour Madrid, cette normalisation a pour but principal de s'assurer de la "coopération" de Rabat dans le contrôle de l'immigration illégale. Très critiqué en interne pour son revirement sur le Sahara, M. Sanchez a salué vendredi la "coopération extraordinaire" de Rabat en matière migratoire qui démontre, selon lui, "la nécessité d'avoir la meilleure des relations".

Le Maroc, d'où partent la majeure partie des migrants vers l'Espagne, a été régulièrement accusé par le passé de les utiliser comme moyen de pression sur l'Espagne.  L'apaisement des relations avec le Maroc a entraîné une baisse récente des arrivées en Espagne.