État des lieux des violences faites aux femmes en Afrique

Il y a une semaine, une jeune Guinéenne de 25 ans M’Mah Sylla mourait à Tunis après avoir été violée par des médecins dans une clinique de Conakry. Au Sénégal, en novembre une lauréate au concours de Miss Sénégal dénonce un viol et une pétition demandant la dissolution du comité organisateur recueille plus de 50 000 signatures. Des cas récents de violences qui secouent l’opinion et remettent en avant la situation en Afrique en ce 25 novembre qui est la journée internationale des violences faites aux femmes.
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Jeunes réfugiées soudanaises victimes de viol dans un centre d'aide
Jeunes filles soudanaises refugiées victimes de violences sexuelles jouent à un jeu de société dans un centre pour femmes à Bidi Bidi en Ouganda, juin 2017. 
© AP Photo/Ben Curtis
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L’ONU instaure une journée internationale consacrée aux violences faites aux femmes en 1999, 20 ans après l’établissement de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. En 2007, 179 pays ont rejoint la convention, mais seuls 89 ont promulgué des lois interdisant expressément la violence familiale, et seuls 90 ont mis en place une législation contre le harcèlement sexuel. 

(RE)lire : «Mon corps m'appartient», un rapport de l'ONU bienvenu pour le féminisme en Afrique

Force est de constater que l'existence de tout un arsenal législatif dans un pays ne garantit pas son application. En Afrique, seule l’Afrique du Sud s’est dotée des lois nécessaires pour réprimer la violence contre les femmes. Mais, selon le rapport du Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique (REFELA), le pays "se caractérise par un taux hors norme de violence".

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et l’ONU Femmes s’est doté d’une base de données pour répertorier l’état des violences faites aux femmes dans le monde. Elle donne un état des lieux parcellaire de la situation car les statistiques ne sont pas disponibles pour tous les pays.

Quels types de violences en Afrique ?

La définition même de la violence diffère selon les pays. L’organisme onusien déplore des lacunes "sur certaines formes de violence comme le féminicide, le harcèlement sexuel et la violence en ligne".

L’ONU Femmes prend en considération les violences physiques, sexuelles, et domestiques. L'organisme considère aussi les mariages précoces et les mutilations sexuelles.

C'est ainsi qu'en 2020, l’Afrique subsaharienne connait le plus haut nombre de mariage d’enfants : plus d’une femme sur trois de la tranche d’âge 20-24 ans y a été mariée avant ses 18 ans. "Le mariage des mineures entraîne des grossesses précoces et un isolement social, il interrompt leur scolarité et il les expose davantage au risque de subir des violences domestiques" souligne l’ONU.

Le Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique (REFELA) dans un rapport (fondé sur les chiffres de l’OMS) publié en 2018 constatait qu’en Afrique de l’Ouest, plus de 40% des femmes sont victimes de violences et 65% le sont en Afrique Centrale.

La plupart des victimes ne portent pas plainte, peut-être parce qu’elles ne savent ni lire ni écrire estiment les experts : "Une femme sur deux en Afrique subsaharienne n’ayant pas accès à une scolarisation de base, la connaissance de leurs droits s’en trouve compliquée."

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Une autre forme de violence est constituée par le harcèlement de rue qui concerne 40 à 60% des femmes en Afrique du Nord.

Des violences faites aux femmes africaines qui varient selon les pays

La situation est très différente en fonction des pays. L’Afrique du Sud a un taux élevé de viol et de féminicides (selon un rapport de 2017).

Au Mozambique, ce sont les femmes pauvres habitant les zones rurales les plus sujettes aux violences. Plus de la moitié des Mozambicaines (55%) sont victimes au moins une fois dans leur vie de violences physiques ou sexuelles par leur partenaire ou un inconnu.

Au Mali, 91% des femmes sont excisées et 55% des femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans. Par ailleurs 38% des femmes subissent des violences physiques de la part de leur conjoint.

Dans certains pays, les faits de violence sont connus mais il n’y a pas de statistiques déplorent le REFELA et ONU Femmes. Par exemple, en Côte d’Ivoire la violence conjugale est très répandue mais il n’existe aucun chiffre exact permettant de l’évaluer.

(RE)voir : En Côte d'Ivoire, manifestation de femmes contre la banalisation du viol

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En Ouganda, pays classée 159ème sur 189 pour les inégalités de genre (cf. Gender inequality index), l’espace pour parler des violences est presque inexistant. Le seul recours qui reste aux organisations de défense est Internet. Et les militantes sont justement victimes de violence.