Éthiopie : des dizaines de morts lors de heurts en Amhara, s'inquiète l'ONU

Les Nations unies ont exprimé vendredi 17 novembre leur profonde préoccupation à propos de la situation dans la région éthiopienne instable de l'Amhara (nord-ouest). L'organisation internationale affirme qu'une cinquantaine de civils y ont été tués depuis début octobre.

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Abiy Ahmed

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, à gauche, accompagné du président de la Chambre des représentants Tagesse Chafo, à droite, s'adresse au Parlement dans la capitale Addis-Abeba, Éthiopie, le 15 novembre 2022.

AP Photo/File
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La région de l'Amhara, la deuxième plus peuplée d’Éthiopie, est en proie depuis plusieurs semaines à de violents heurts. L'armée éthiopienne et un groupe armé de l'ethnie amhara, la milice Fano, sont en conflit ouvert avec le gouvernement fédéral depuis des mois.

"Il est impératif que toutes les parties s'abstiennent d'attaques illégales et prennent toutes les mesures pour protéger les civils", a déclaré dans un communiqué Seif Magango, un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme.

Il a notamment évoqué "l'impact dévastateur" des attaques de drones parmi la population. Au moins 47 civils ont été tués dans cinq attaques depuis début octobre.

Inquiétudes américaines

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est lui dit alarmé par les violences dans le pays lors d'un appel avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. 

Il a souligné "l'importance du dialogue et de la négociation pour résoudre le conflit", a déclaré son porte-parole Matthew Miller. 

M. Blinken a également loué les réformes de M. Abiy qui ont convaincu Washington de reprendre la livraison d'aide alimentaire dans l'ensemble du pays, suspendue en juin.

Reprise de la ville d'Amhara

Le 9 novembre, l'armée fédérale éthiopienne a repris en Amhara le contrôle de la ville sainte orthodoxe de Lalibela, après le départ des miliciens qui s'en étaient largement emparés un jour auparavant.

Aucun bilan officiel des affrontements du 8 novembre n'a été fourni mais le jour suivant, un diacre de cette localité avait indiqué à l'AFP avoir assisté aux funérailles de 16 policiers tués dans les combats.

Il avait ajouté qu'à sa connaissance, un habitant avait été tué et une habitante blessée par les forces fédérales.

Dizaines de morts

Selon Seif Magango, qui n'a pas donné de bilan de ces heurts, une attaque de drones ayant touché un arrêt de bus dans la localité de Waber le 9 novembre a fait 13 morts.

Trois jours plus tôt, un drone présumément lancé par les forces gouvernementales a touché une école primaire dans le district de Wadera, tuant sept personnes dont trois enseignants, a-t-il ajouté.

Et le 4 novembre, six personnes ont été tuées lorsque les forces gouvernementales ont frappé des zones résidentielles dans la région de Gondar, ville la plus peuplée de l'Amhara.

Selon M. Magango, 21 autres personnes, dont des responsables gouvernementaux et du parti au pouvoir, ont été tués par la milice Fano dans deux attaques distinctes les 9 et 28 octobre.

L'accord de paix de Pretoria

Les Fano - milices informelles amhara composées de citoyens-combattants volontaires - ont épaulé l'armée éthiopienne durant les deux ans de conflit avec les rebelles dans l’État régional voisin du Tigré. Un accord signé en novembre 2022 a mis fin aux combats.

Cet accord, vu comme un retournement d'alliance alors que des différends territoriaux opposent amhara et tigréens, a exacerbé les tensions en Amhara. Celles-ci ont dégénéré en conflit ouvert quand le gouvernement fédéral a tenté en avril de désarmer des forces régionales