Fil d'Ariane
Deux personnes ont été tuées vendredi à Addis Abeba lors d'une manifestation contre la destruction de mosquées dans le cadre d'un projet de mégapole autour de la capitale éthiopienne, a annoncé un média proche du gouvernement, citant la police.
Photo d'archive. Des symboles signifiant "musulman" et "chrétien" désignent les différents plats offerts par une ONG aux sans-abris à Addis Abeba, 19 avril 2020, Éthiopie.
Des incidents ont éclaté aux abords de la mosquée al-Anouar, dans le nord d'Addis Abeba, après que des fidèles musulmans sont descendus dans la rue à l'issue de la prière du vendredi.
"Il a été rapporté que deux personnes blessées lors de troubles dans une zone connue sous le nom de Gas Tera sont décédées après avoir été emmenées à l'hôpital pour y être soignées", écrit le média officiel FanaBC sur son site internet.
Selon la police citée par FanaBC, quatre manifestants et 52 policiers ont été blessés.
Un témoin présent à la mosquée al-Anouar a raconté à l'AFP que des fidèles ont lancé des slogans hostiles au projet de grand centre urbain baptisé Sheger City et au gouvernement.
"Après notre prière du vendredi, des gens ont commencé à crier d'arrêter de détruire nos mosquées", a-t-il raconté, en requérant l'anonymat.
"D'importantes forces de sécurité sont arrivées, ce qui a rendu les gens furieux lorsqu'ils ont atteint les portes de la mosquée al-Anouar. Les gens leur ont jeté des pierres et des chaussures et après ça, ils (les policiers) ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes et des balles en l'air", a-t-il poursuivi.
Le Haut conseil des affaires islamiques de la capitale a demandé des poursuites après la "réponse anticonstitutionnelle et inhumaine" des forces de sécurité contre des musulmans "défendant pacifiquement leurs droits".
Les autorités fédérales et de la région Oromia ont lancé l'an dernier un projet controversé baptisé Sheger City, prévoyant de fusionner six localités enserrant la capitale dans un vaste arc occidental.
Dans ce cadre, les autorités procèdent depuis plusieurs mois à la destruction de nombreux bâtiments, maisons mais aussi mosquées, qu'elles estiment construites illégalement.
Les détracteurs du projet dénoncent ces opérations discriminatoires menées, selon eux, principalement sur des critères ethniques (contre les populations non issues de l'ethnie Oromo) et de religion (ciblant des mosquées).
L'Ethiopie est principalement chrétienne, et plus particulièrement orthodoxe, mais environ un tiers du pays est dominé par les musulmans.