Fil d'Ariane
Les autorités éthiopiennes ont procédé à des arrestations liées à "la crise sécuritaire en région Amhara", a annoncé samedi le gouvernement. La veille, il a imposé l'état d'urgence dans cette région du nord du pays où s'affrontent des combattants locaux et l'armée.
Les autorités éthiopiennes ont procédé à des arrestations liées à "la crise sécuritaire en région Amhara". La veille le gouvernement a imposé l'état d'urgence dans cette région du nord du pays où s'affrontent des combattants locaux et l'armée.
Ces troubles dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique interviennent seulement neuf mois après la fin d'un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré, qui a aussi impliqué des combattants de l'Amhara.
Samedi, le service de communication du gouvernement a indiqué que ceux qui "aggravent la crise sécuritaire (et se livrent à) divers actes de destruction ont été arrêtés", sans donner plus de détails sur le nombre d'arrestations ni leurs dates.
Selon le décret ayant imposé l'état d'urgence en région Amhara, toute personne surprise en violation de ses dispositions peut encourir "une peine d'emprisonnement de trois à dix ans".
Le même décret permet que les suspects soient fouillés et détenus sans mandat.
Samedi, les combattants de la milice nationaliste amhara Fano contrôlaient trois grandes villes de la région, selon des habitants: Lalibela, Gondar et Dessie.
A Lalibela, site classé au patrimoine mondial de l'Unesco pour ses églises taillées dans le roc, Fano a pris le contrôle de la ville et de son aéroport en début de semaine.
Les magasins y étaient ouverts samedi mais les rues en grande partie désertes, a témoigné à l'AFP Aneley, un habitant. "Lalibela est calme, pas de combats… mais les gens ne se déplacent plus comme avant", a-t-il ajouté, en évoquant aussi des pannes intermittentes d'électricité et d'Internet.
La société de sécurité Web Cloudflare a déclaré à l'AFP avoir constaté une chute du trafic internet en région Amhara "vers 18H00 GMT mercredi".
L'ambiance est également tendue dans les villes de Gondar et Dessie.
"Les choses semblent calmes mais il n'y a pas d'activité... Presque tous les magasins, les cafés sont fermés" à Gondar, a affirmé Simachew, un conducteur de tuk-tuk qui a été témoin de combats jeudi, avant que les troupes fédérales ne se retirent dans la périphérie de la ville.
"Les gens restent chez eux", a-t-il ajouté, les combattants de Fano bloquant les routes aux entrées et sorties de la ville.
Il n'y a "pas de combats ici" à Dessie, les membres de Fano contrôlant la ville, a de son côté déclaré à l'AFP Amir, un homme d'affaires. "Les marchés et les magasins sont ouverts mais les gens ici sont sur le qui-vive", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, un habitant de la région qui a fui vers la capitale Addis-Abeba samedi a assuré que les forces gouvernementales avaient "sévèrement restreint" la circulation des personnes dans sa ville de Kobo.
Elle est "soumise à un couvre-feu depuis un certain temps, les habitants ont interdiction de se déplacer après la tombée de la nuit", a-t-il déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat, précisant que les accès à Internet et à l'eau courante étaient coupés. "Les combats se sont calmés pour l'instant, mais il y a un degré élevé de tension et d'incertitude", a-t-il ajouté.
Ces dernières semaines, les affrontements entre l'armée et des combattants de Fano sont allés croissant.
Les forces amhara ont été des alliés du gouvernement fédéral dans sa guerre contre les autorités dissidentes de la région du Tigré (fin 2020 à fin 2022).
Mais des tensions ont émergé en avril après que le Premier ministre a annoncé vouloir démanteler les "forces spéciales", des unités paramilitaires créées par de nombreux États régionaux depuis une quinzaine d'années. Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région.