L'Éthiopie devait tenir des élections nationales en août mais le scrutin a été repoussé par le gouvernement en raison de la situation sanitaire liée au coronavirus. La région du Tigré a décidé de maintenir le scrutin malgré tout et a voté ce mercredi 9 septembre. Une manière de manifester ainsi son désaccord avec le premier ministre Abiy Ahmed.
Jeunes étudiants, vétérans de guerre en chaise roulante et une foule d'électeurs se pressaient ce mercredi 9 septembre devant les bureaux de vote de la région du Tigré, au nord de l'Éthiopie, pour un scrutin qui défie l'autorité du premier ministre Abiy Ahmed.
Le scrutin a ouvert à 06h00 (03h00 GMT) à travers cette région montagneuse, malgré la décision du pouvoir fédéral de repousser toutes les élections en raison de la pandémie de coronavirus.
Considéré comme illégal par Addis Abeba, ce vote constitue le dernier défi en date pour le gouvernement d'Abiy Ahmed, qui fait face à de profondes divisions politiques et ethniques, et qui se trouve à un moment critique de sa relation avec le Tigré.
Cette région a dominé la politique éthiopienne pendant près de trois décennies, avant que des manifestations antigouvernementales ne débouchent sur l'arrivée de M. Abiy au pouvoir en 2018.
L'Éthiopie devait tenir des élections nationales en août. Mais en mars, la Commission électorale les a repoussées sine die en raison de la situation sanitaire.
L'extension votée par le Parlement fédéral du mandat des députés, qui devait expirer en octobre, a été rejetée par les leaders tigréens. Ceux-ci ont décidé de tenir unilatéralement des élections, provoquant le courroux de l'État fédéral.
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A Mekele, la capitale régionale, les électeurs qui patientent dans les files d'attente se rangent derrière leurs leaders.
"Nous voulons que le gouvernement fédéral prenne une leçon de ce qui se passe: ils doivent tenir des élections aussi, afin que nous puissions travailler ensemble pour construire le pays", déclare Hailay Haileselassie, 37 ans, qui travaille dans une entreprise de construction.
Plus de 600 candidats appartenant à cinq partis politiques concourent pour 152 sièges au Parlement régional. Ces partis discuteront ensuite de la répartition des 38 autres sièges.
Le grand favori est le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui a mené la lutte armée contre le régime communiste du Derg jusqu'à la chute de ce dernier en 1991 et qui dirigeât ensuite la coalition au pouvoir.
Mis sur la touche par le gouvernement d'Abiy Ahmed, le TPLF reste aux commandes dans son fief du Tigré, qui représente 6% de la population éthiopienne (110 millions d'habitants).
Hailu Kiros, 62 ans, en chaise roulante, faisait partie des nombreux vétérans de la guerre qui mercredi matin attendaient leur tour pour voter.
"C'est important pour moi. Nous nous sommes battus pour cela, pour que des élections puissent se tenir tous les cinq ans", explique-t-il.
Le TPLF fait face à quatre autres partis, dont un - le Parti pour l'indépendance du Tigré - défend une sécession de la région afin de former son propre État.
Les bureaux de vote doivent fermer à 18h00 et des résultats préliminaires pourraient être connus dès jeudi soir.