Les forces armées éthiopiennes ont effectué des frappes aériennes sur Mekele, la capitale de la région du Tigré. L’information a été donnée par un responsable humanitaire sur place. Selon un premier bilan hospitalier, il y aurait trois morts.
"Une frappe aérienne (touche) maintenant Mekele", a déclaré via SMS à l'Agence France Presse un responsable humanitaire s'exprimant sous couvert d'anonymat. Ces attaques ont été confirmées par une deuxième source humanitaire et deux diplomates.
Il s'agit des premières actions aériennes connues sur Mekele depuis le début du conflit en novembre 2020. Mais d'autres ont depuis touché d'autres zones du Tigré.
La première frappe a eu lieu dans la matinée à la périphérie de la ville près d'une usine de ciment. La deuxième a eu lieu en milieu de journée près de l'hôtel Planet - par le passé été souvent utilisé par les responsables du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui dirigeait la région avant le début du conflit.
Le gouvernement a nié ces informations qualifiées de
"mensonge total". Ces frappes aériennes, qui ont fait trois morts selon un premier bilan hospitalier, marquent le premier bombardement connu de la capitale du Tigré depuis le début du conflit dans cette région septentrionale il y a presque un an.
Getachew Reda, porte-parole du TPLF, a déclaré sur Twitter que les forces fédérales avaient visé
"des civils à l'intérieur et à l'extérieur de Mekele".
"Le lundi est jour de marché à Mekele et l'intentionnalité est claire", affirme le conseiller de l'auto-proclamé président du Tigré.
Ces informations ne pouvaient être vérifiées de manière indépendante dans l'immédiat et des sources médicales n'étaient pas joignables pour donner des précisions sur d'éventuelles victimes.
Un haut responsable de l’administration intérimaire de la régio éthiopienne du Tigré a déclaré avoir fui le pays samedi 16 octobre. Gebremeskel Kassa était le chef d'état-major de l'administration nommée par le Premier ministre Abiy Ahmed après que le lauréat du prix Nobel de la paix eut envoyé des troupes dans le Tigré en novembre dernier pour renverser le parti au pouvoir dans la région, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Pendant son séjour au Tigré, Gebremeskel Kassa a critiqué ouvertement les forces érythréennes qui combattent aux côtés des soldats éthiopiens dans la région, appelant à leur retrait. Il a également accusé les forces de la région voisine d'Amhara de déplacer violemment plusieurs milliers de Tigréens de l'ouest du Tigré, où, selon Washington, des
"actes de nettoyage ethnique" ont été commis.
Sa demande d'asile intervient un peu plus d'une semaine après que les forces de sécurité d'Addis-Abeba ont arrêté Abraha Desta, un autre haut responsable de l'administration provisoire qui avait récemment appelé à des négociations pour mettre fin au conflit.
Gebremeskel Kassa a déclaré à l'AFP que les responsables fédéraux avaient longtemps résisté aux demandes de l'administration intérimaire de poursuivre les négociations, à partir de décembre, après que les forces du TPLF eurent été chassées des villes et villages du Tigré.
Selon l'ONU, des centaines de milliers de personnes dans le Tigré sont déjà confrontées à des conditions proches de la famine, et Gebremeskel Kasa a exhorté la communauté internationale à intervenir pour éviter de nouvelles souffrances.
"Si cette force (l'armée éthiopienne) parvient à pénétrer dans le Tigré, ce sera une catastrophe, et ce sera un moment regrettable pour la communauté internationale", a-t-il déclaré.
(RE)voir : Éthiopie : désastre humanitaire au Tigré
Le 4 novembre, le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale au Tigré pour chasser les autorités du TPLF.
Les forces fédérales avaient rapidement pris le contrôle de la majeure partie de la région. Mais fin juin, le TPLF a en repris l'essentiel puis a poursuivi son offensive dans les régions voisines Amhara et Afar afin de mettre fin à ce qu'elles décrivent comme un blocus humanitaire du Tigré.
Depuis environ deux semaines, des sources rebelles et humanitaires rapportaient les signes d'une nouvelle offensive de l'armée fédérale, marquant une possible nouvelle étape dans ce conflit qui a plongé selon l'ONU des centaines de milliers de personnes dans la famine.
La guerre a tendu les relations entre l'Ethiopie et ses partenaires occidentaux, notamment les Etats-Unis, un allié historique.