Le chef d'état-major de l'armée éthiopienne a été abattu par son garde du corps quelques heures après une tentative de coup d'Etat dans l'Amhara, un Etat régional dont le président a également été tué, a déclaré ce 23 juin une porte-parole du Premier ministre.
Celle-ci a précisé à la presse qu'un "commando de tueurs" dirigé par le chef de la sécurité de l'Amhara (nord-ouest) avait fait irruption dans une réunion samedi après-midi, blessant mortellement le président de la région Ambachew Mekonnen et un autre haut responsable.
Un peu plus tard, le chef d'état-major de l'armée éthiopienne, le général Seare Mekonnen, a été tué par son garde du corps lors de ce qui semble avoir été "une attaque coordonnée", a ajouté la porte-parole
Le Premier ministre est apparu en uniforme militaire à la télévision nationale pour annoncer l’attentat contre le général Seare Mekonnen, mais n’a pas donné de détails sur son état de santé, a rapporté un correspondant de l’AFP.
L’ambassade des États-Unis à Addis Abeba a lancé des alertes, recommandant à son personnel de se mettre à l’abri après des informations faisant état de tirs dans la capitale et de violences dans l’État régional d’Amhara (nord-ouest).
Internet était coupé en Éthiopie, et aucune information supplémentaire sur l’attentat contre le haut responsable militaire n’était disponible.
Samedi soir, le 22, le gouvernement éthiopien avait annoncé qu’une tentative de "coup d’État" avait été perpétrée par un "groupe armé" en Amhara, la deuxième région la plus peuplée du pays, sans non plus fournir de détails sur ces violences.
"La tentative de coup dans l’État régional d’Amhara est contraire à la Constitution et vise à saborder la paix chèrement acquise dans la région", avait déclaré dans un communiqué le bureau du Premier ministre.
Un journaliste présent à Bahir Dar, la capitale régionale, a dit à l’AFP que des coups de feu ont été entendus peu après le coucher du soleil et se sont poursuivis plusieurs heures durant. La fusillade s’est ensuite calmée, a-t-il rapporté.
Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018 après deux ans de troubles en Éthiopie, le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed s’est efforcé de démocratiser le pays.
Il a notamment légalisé des groupes dissidents, amélioré la liberté de la presse et réprimé les atteintes aux droits humains en arrêtant des dizaines de responsables de l’armée et des services de renseignement.
Il s’est également lancé dans un programme de réformes économiques et a fait la paix avec l’Erythrée après plus de vingt ans de conflit.
Mais il doit faire face à des tensions interethniques récurrentes, généralement liées à la possession des terres et à l’utilisation des ressources, qui dégénèrent souvent en violences dans ce pays de plus de 100 millions d’habitants.
Plus d’un million de personnes ont été déplacées par ces violences interethniques, que les analystes attribuent également à l’affaiblissement du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), le parti au pouvoir autrefois tout-puissant, et à divers groupes qui profitent de la phase actuelle de transition politique pour essayer d’imposer leurs intérêts.
En juin 2018, une attaque à la grenade au cours d’un meeting auquel participait M. Abiy avait fait deux morts. Le procureur général éthiopien avait indiqué qu’un officier de renseignement non identifié était soupçonné de cet attentat.