
Le Premier ministre - qui affirme également que des "milliers de combattants du TPLF se sont rendus" sans que ce soit vérifiable - appelle "les habitants de Mekele et ses environs à déposer les armes, à se tenir à l'écart des cibles militaires et à prendre toutes les précautions nécessaires".
Il est impossible de savoir dans l'immédiat si des opérations militaires contre Mekele ont effectivement commencé, le Tigré étant quasiment coupé du monde depuis le début du conflit.
Le gouvernement refuse toute ingérence
A l'orée de la quatrième semaine d'offensive militaire contre les dissidents du Tigré, Abiy Ahmed fait face à des pressions croissantes de l'ONU et de plusieurs pays, inquiets des conséquences sur les civils d'un assaut sur Mekele et de possibles "crimes de guerre", ainsi que des risques que le conflit dégénère en affrontements communautaires dans un pays mosaïque de près de 80 peuples.Lire : Éthiopie : les racines du conflit au Tigré
Abiy Ahmed a fermement demandé à la communauté internationale de se garder de toute "interférence dans les affaires internes" de son pays.
Le gouvernement fédéral avait ainsi décliné, lundi, l'offre de médiation dont l'Union africaine (UA) - qui a son siège à Addis Abeba - a chargé les trois anciens présidents mozambicain Joaquim Chissano, libérienne Ellen Johnson-Sirleaf et sud-africain Kgalema Motlanthe.
Inquiétudes des ONG et de l'ONU
La perspective d'un assaut contre Mekele, qui compte 500.000 habitants, outre un nombre indéterminé de déplacés qui s'y sont réfugiés depuis le début du conflit, inquiète la communauté internationale et les organisations de défense de droits de l'Homme.Amnesty International rappelle à toutes les parties "qu'attaquer délibérément des civils (...) est interdit par le droit humanitaire international et constitue un crime de guerre", par la voix de Deprose Muchena, responsable Afrique de l'Est et australe pour l'organisation.
Ethiopian PM @AbiyAhmedAli has announced the start of the “final phase” of the conflict in Tigray this morning. We remain concerned about civilian casualties and remind all parties involved that deliberately attacking civilians constitutes a war crime. https://t.co/UrMiwqwg61
— Amnesty International (@amnesty) November 26, 2020
La Haute commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, s'est alarmée, mardi, de "la rhétorique hautement agressive" des deux camps, craignant qu'elle ne "mène à de nouvelles violations du droit humanitaire international". Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, craint également "une violation du droit humanitaire".
I'm very concerned about the situation in Tigray.
— António Guterres (@antonioguterres) November 25, 2020
International humanitarian law must be respected by all parties.
I urge Ethiopian leaders to do everything possible to protect civilians, uphold human rights & ensure humanitarian access.https://t.co/wwXU9MJjLt
40 000 réfugiés au Soudan
Le conflit a déjà poussé quelque 40.000 habitants du Tigré à se réfugier au Soudan et provoqué d'importants déplacements internes à la région, sans qu'on en connaisse l'ampleur exacte.
La vérification sur le terrain et de source indépendante des affirmations de l'un et l'autre camp est très difficile, le Tigré étant quasiment coupé du monde depuis le début du conflit.
Aucun bilan précis des combats, qui ont fait au moins des centaines de morts, n'est non plus disponible.
Ce 23 novembre, la Commission éthiopienne des Droits de l'Homme (EHRC), administrativement indépendante mais dont le directeur Daniel Bekele a été nommé par le Premier ministre, a déclaré qu'au moins 600 personnes avaient été tuées lors d'un "massacre atroce" perpétré par des miliciens tigréens le 9 novembre à Mai Kadra, localité du Tigré.
Amnesty International avait déjà rapporté que "probablement des centaines" de civils avaient été poignardés ou tués à la hache le 9 novembre à Mai Kadra. Sans se prononcer sur les auteurs du "massacre", Amnesty avait cité des témoignages l'attribuant aux forces pro-TPLF.