Fil d'Ariane
Marqué par les atrocités et la famine, le conflit opposant depuis novembre 2020 l'armée fédérale aux rebelles tigréens a fait plusieurs milliers de morts et déplacé plus de deux millions de personnes.
Arrivé en Éthiopie jeudi 4 novembre, l'émissaire des États-Unis pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman a rencontré lundi 8 novembre au soir l'envoyé de l'UA, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Ce dernier s'est rendu dimanche 7 novembre dans la capitale tigréenne, Mekele.
Le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price prend espoir. "Nous pensons qu'il y a une petite fenêtre d'ouverture pour travailler avec (Obasanjo)." Il affirme que les États-Unis sont également entrés en contact avec les rebelles tigréens."Nous sommes en contact avec les parties pour tenter de les mettre sur le chemin d'une cessation des hostilités."
Jeffrey Feltman a aussi rencontré des dirigeants éthiopiens, puis s'est rendu au Kenya pour s'entretenir avec le président Uhuru Kenyatta, impliqué dans les efforts de médiation à l'échelle régionale, avant de revenir à Addis Abeba.
Par la voix de son secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, l'ONU a également soutenu mardi 9 novembre l'initiative de M. Obasanjo.
"J'implore toutes les parties d'écouter l'appel du secrétaire général de l'ONU à immédiatement arrêter les hostilités sans conditions préalables, et je réitère le soutien total (de l'ONU)" aux efforts de Obasanjo, a déclaré Griffiths, qui était présent avec lui à Mekele.
Lundi, l'ancien président du Nigeria a exprimé son optimisme devant le conseil de sécurité de l'UA.
"Tous les leaders ici à Addis Abeba et dans le nord sont individuellement d'accord sur le fait que les différences qui les opposent sont politiques et requièrent des solutions politiques à travers le dialogue", a-t-il dit, selon une copie de sa déclaration consultée par l'AFP.
"Ceci, donc, constitue une fenêtre d'opportunité que nous pouvons collectivement exploiter", a-t-il estimé.
Lundi, l'ONG Human Rights Watch a pressé l'UA et l'ONU d'"aller au-delà des discussions et d'agir pour éviter de nouvelles atrocités en Ethiopie".
"Il est crucial que les leaders africains et le conseil de sécurité de l'ONU travaillent ensemble pour prendre des mesures immédiates pour éviter de nouvelles atrocités, sinon ils auront abandonné le peuple éthiopien", a écrit dans un communiqué Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW.
Le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée en novembre 2020 au Tigré pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Le prix Nobel de la paix 2019 a déclaré la victoire le 28 novembre, mais les combattants du TPLF ont repris en juin l'essentiel du Tigré puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.
Le TPLF a ensuite revendiqué s'être emparés de villes clés en Amhara et avoir avancé jusqu'à environ 300 km d'Addis Abeba, sans exclure de marcher sur la capitale.
Le gouvernement affirme que les rebelles exagèrent leur progression, mais il a déclaré début novembre l'état d'urgence à travers le pays. Les autorités d'Addis Abeba ont demandé aux habitants de s'organiser pour défendre la ville.
L'Armée de libération oromo (OLA), un allié du TPLF, a promis dimanche que la guerre se terminerait "très prochainement", avec la défaite d'Abiy.
Les communications sont coupées dans les zones de combats et l'accès des journalistes y est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante.
Plusieurs pays ont appelé leurs citoyens à quitter l'Éthiopie.
Mardi 9 novembre, l'ambassade britannique a appelé ses ressortissants à quitter le territoire, comme l'avaient fait les États-Unis vendredi. Ces derniers ont ordonné le lendemain le départ de leur personnel gouvernemental non-essentiel.
L'ONU a également suspendu les missions non-essentielles.