Éthiopie : les principales dates du conflit armé au Tigré

Les hôpitaux de Mekele sont débordés. Depuis l'annonce de la prise de contrôle de la capitale du Tigré par le gouvernement éthiopien, les blessés affluent. Les civils sont les premières victimes de la vaste opération militaire lancée le 4 novembre par le Premier ministre Abiy Ahmed. Aucun bilan précis n'est disponible, mais plus de 43.000 Ethiopiens ont fui au Soudan voisin. Comment est né ce conflit armé ? Qui en sont les principaux acteurs  ? Rappel des faits.

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Tigré tensions
Familles fuyant la région du Tigré (Ethiopie), le 27/11/20.


AP Photo/Nariman El-Mofty
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"Les dirigeants dissidents du Tigré, en fuite, sont suivis à la trace et sont dans la ligne de mire de l'armée fédérale éthiopienne" c'est en tout cas ce qu'a affirmé ce lundi 30 novembre le Premier ministre Abiy Ahmed, peu de temps après sa victoire militaire proclamée dans cette région du Nord du pays.

Les Tigréens défient le pouvoir fédéral

Le 9 septembre 2020, le TPLF, qui a contrôlé pendant presque trente ans l'appareil politique et sécuritaire de l'Ethiopie, remporte un scrutin régional organisé unilatéralement dans son fief du Tigré et jugé illégal par le pouvoir central.

Le TPLF, qui représente la minorité tigréenne, soit 6% de la population, a été progressivement marginalisé depuis qu'Abiy Ahmed est devenu en 2018 Premier ministre, le premier issu de l'ethnie oromo, la plus importante du pays, et est de facto passé dans l'opposition.

En octobre, en représailles au scrutin au Tigré, le Parlement éthiopien annonce une réduction drastique des fonds fédéraux pour la région, une "déclaration de guerre" selon un haut responsable tigréen.

Opération militaire contre les autorités du Tigré

Le 4 novembre, Abiy Ahmed, lauréat 2019 du prix Nobel de la paix pour avoir réconcilié l'Ethiopie avec l'Erythrée voisine, annonce une opération militaire contre les autorités du Tigré, qu'il accuse d'avoir attaqué deux bases de l'armée fédérale dans la région. Le TPLF dément ces attaques.

Deux jours après, le Premier ministre qualifie l'intervention d'"opération de maintien de l'ordre" et tente d'apaiser les craintes d'escalade. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelle à une "résolution pacifique". Mais le lendemain, le Parlement éthiopien révoque les institutions régionales du Tigré. Le 8 novembre, Abiy Ahmed limoge son chef de l'armée.

Le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, en appelle à l'Union africaine "pour empêcher l'Ethiopie d'être entraînée dans une spirale menant à la guerre civile". Mais l'aviation éthiopienne continue de mener des frappes dans le Tigré.

L'Union Africaine réclame la fin des hostilités, mais rien n'y fait. Des milliers d'Ethiopiens fuient vers le Soudan voisin. Son offre de médiation est refusée par Addis Abeba.

Possibles "crimes de guerre"

Le 12 novembre, M. Abiy déclare que l'armée a "libéré" le Tigré occidental, une des six zones administratives que compte la région en plus de la "capitale" régionale Mekele, située dans l'est.

Selon Amnesty international, de nombreux civils ont été tués lors d'un "massacre", perpétré selon des témoins par des forces loyales au TPLF, ce que dément le président du Tigré.

Le 13 novembre, l'ONU demande une enquête sur de possibles "crimes de guerre".Dans la nuit, les forces du Tigré tirent des missiles sur deux aéroports de la région limitrophe d'Amhara, utilisés selon elles par l'aviation militaire éthiopienne.

Tirs sur Asmara

Le 14 novembre, le TPLF tire plusieurs roquettes près de l'aéroport d'Asmara, capitale de l'Erythrée voisine, accusant ses autorités d'aider militairement l'armée fédérale éthiopienne.

Crise humanitaire à grande échelle

Trois jours plus tard, le Premier ministre éthiopien annonce que l'opération militaire entre "dans sa phase finale". Addis Abeba affirme contrôler plusieurs villes de l'est du Tigré, notamment Mehoni, à 125 km au sud de Mekele.

L'ONU s'alarme de "la crise humanitaire à grande échelle" en cours à la frontière entre le Soudan et l'Ethiopie, où des milliers de gens fuient chaque jour.

Ultimatum pour déposer les armes

Le 20 novembre, les forces du Tigré tirent des roquettes sur la région voisine d'Amhara. M. Abiy donne alors 72 heures aux dirigeants du Tigré pour déposer les armes, sous peine d'un assaut. Le lendemain, le président du Tigré rejette l'ultimatum.

Face à la dégradation de la situation, le Conseil de sécurité de l'ONU tente de trouver une solution, mais échoue à s'entendre sur une déclaration commune.

Offensive finale contre les autorités du Tigré

Le 26 novembre, après expiration de l'ultimatum, M. Abiy ordonne le lancement de l'offensive finale contre les autorités du Tigré, encerclées à Mekele. Deux jours plus tard, Abiy Ahmed annonce dans la soirée que l'armée a pris le contrôle de la ville.