Fil d'Ariane
Le Sénégal, relativement épargné par la pandémie de coronavirus, a choisi de ne pas confiner la population afin d'éviter une fragilisation de l'économie. Le gouvernement a cependant décidé de prolonger l’état d’urgence jusqu’au 2 juin et de limiter les déplacements.
D'un point de vue sanitaire, les autorités ont choisi de ne plus hospitaliser suystématiquement les malades présentant pas ou peu de symptômes, préférant les isoler afin de ne pas embouteiller les hôpitaux. Les autorités ont également annoncé leur intention de continuer à prescrire l'hydroxychloroquine aux malades du Covid-19 après une analyse préliminaire montrant une réduction prouvée de la durée d'hospitalisation.
Le président sénégalais Macky Sall a prolongé une nouvelle fois jusqu'au 2 juin l'état d'urgence décrété le 23 mars qui est assorti d'un couvre-feu nocturne. Les autorités ont annoncé vendredi 1er mai au soir la fermeture des marchés de Dakar les samedis et dimanches et de réduire leur fréquence en semaine. Le nombre de clients devra par ailleurs être limité dans les grandes surfaces, a dit la préfecture dans un communiqué.
Les frontières et les écoles sont fermées, les rassemblements et les prières collectives interdits ainsi que la circulation entre les villes. Les autorités ont imposé le port obligatoire du masque dès le 22 avril dans les services publics et privés, comme on peut le voir ici :
Si le gouvernement sénégalais a décrété l’état d’urgence, il s'est gardé de mettre en place un confinement difficilement envisageable dans un pays dont une bonne partie de la population vit au jour le jour.
Une trentaine d'universitaires de toutes les disciplines ont mis en garde dans un rapport contre les effets d'un confinement total qui causerait, selon eux, une récession de - 9,9% en 2020 s'il durait un mois, avec des conséquences redoutables pour les plus vulnérables et des risques d'instabilité sociale. Ils préconisent la généralisation du port du masque et un dépistage massif.
Un dépistage qui va être rendu possible, notamment grâce à l'Institut Pasteur de Dakar qui développe de nouveaux tests de dépistage en collaboration avec un laboratoire britannique. Ces tests sérologiques mesurent les défenses immunitaires au lieu de rechercher le génome du virus. Ils sont dix fois plus rapides que les tests précédents et coûtent moins de trois euros.
Les universitaires, spontanément réunis en un groupe de recherche "sans aucun calcul" ont transmis leur rapport aux autorités, explique le coordinateur du groupe, Serigne Omar Sarr. Un rapport que l'on peut consulter librement ici : Groupe de recherche indépendant sur la réponse au Covid-19
Les autorités sanitaires ont officiellement déclaré 1.115 cas de contamination et neuf décès au cours des deux mois depuis la confirmation de l'apparition du virus le 2 mars, selon un nouveau bilan communiqué samedi 2 mai.
"Le constat majeur est que l'épidémie ne faiblit pas", a dit à la presse le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr samedi 2 mai.
Il a assuré que la pandémie restait sous contrôle. Mais il a souligné qu'en un mois le nombre de cas avait "plus que quintuplé" et que la transmission se produisait de plus en plus par une voie plus inquiétante et dite communautaire, c'est-à-dire sans lien établi entre les nouveaux cas et ceux déjà décelés.
Le Sénégal a donc pris la décision d’isoler les malades. Un autre responsable de la riposte, Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations d'urgences sanitaires, a indiqué que les malades asymptomatiques ou peu symptomatiques seraient désormais accueillis en milieu extra-hospitalier, sur des sites comme un hangar de l'ancien aéroport international Léopold-Sédar-Senghor à Dakar ou sur la base militaire aérienne de Thiès (ouest).
L'objectif consiste à "ne pas faire de nos hôpitaux des hôpitaux Covid" et de pouvoir continuer à y traiter les autres malades, a-t-il dit.
Le Sénégal a fait le choix de suivre l'exemple du professeur français Didier Raoult et de généraliser la prescription, en milieu hospitalier, de l'hydroxychloroquine, antipaludique disponible sur le marché, au cœur d'une querelle internationale d'experts quant à son efficacité et son innocuité.
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Le professeur Moussa Seydi, infectiologue qui coordonne la prise en charge des contaminés, a présenté les résultats d'une analyse "préliminaire" montrant que, sur 181 patients, la durée médiane d'hospitalisation était de 13 jours pour les malades n'ayant reçu aucun traitement, 11 pour ceux ayant reçu de l'hydroxychloroquine seule, 9 pour ceux ayant reçu de l'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine (antibiotique), et 8 pour ceux ayant consulté tôt et démarré le traitement dans les 24 heures.
Selon cette analyse portant cette fois sur 362 sujets, des effets secondaires, non précisés, ont été observés chez 12 personnes, a-t-il dit. Le traitement a été maintenu pour 4 d'entre elles parce que les effets n'étaient pas "gênants", et arrêté pour les 8 autres, mais il n'y a eu "aucun effet secondaire grave" et tous les signes ont régressé à la fin du traitement. "Vu ces résultats préliminaires, nous allons continuer notre prise en charge avec l'hydroxychloroquine" a-t-il conclu. Plus de 700 malades sont traités dans 20 centres de prise en charge.