La radicalisation, c'est le thème du film Fatwa du réalisateur tunisien Mahmoud Ben Mahmoud. L'un des 20 films en compétition pour l'Étalon d'or de Yennenga au Fespaco. En Tunisie, le sujet est particulièrement sensibe, pays qui a vu le plus de jeunes partir faire le djihad en Syrie. Rencontres dans un cinéma de Tunis. Reportage de Maurine Mercier.
C'est un theme tabou, qui n'attire pas. C'est un sujet qui fait peur, la radicalisation d'une partie de la jeunesse tunisienne. Alors ici, dans ce cinéma de Tunis, il est bien difficile de faire parler les quelques rares spectateurs, voir voir Fatwa, le dernier film de Mahmoud Ben Mahmoud.
Le film se déroule en 2013. Brahim installé en France, retourne en Tunisie, à la suite de son fils Marouane. Et il decouvre les liens de son enfant avec un groupe salafiste. C'est une tragédie pour Brahim et son ex-épouse, une députée qui lutte contre l'extrémisme religieux. Cette famille fracturée symbolise les cassures de la société tunisienne. Ahmed Hafiane, qui joue le rôle de Brahim, revient sur le propos du film : "ces salafistes et djihadistes jouent sur le doute des jeunes".
Les langues se délient enfin à la sortie de la séance. " Le film décrit une réalité que nous vivons à coté. C'est un film sur les jeunes radicalisés et non sur la radicalisation", confie ce spectateur. Le film trouvera t'il son public ? La radicalisation, en tout cas, touche toutes les couches sociales du pays. La Tunisie est l'Etat africain qui a compté le plus de jeunes parti faire le djihad en Syrie.