Fin de partie pour le "Terminator" Bosco Ntaganda ?

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Bosco Ntaganda, connu sous le nom de "Terminator" jugé par la CPI pour crimes de guerre et contre l'humanité en RDC, le 2 septembre 2015 à La Haye
Michael Kooren/Pool Photo via AP
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Bosco Ntaganda, plus connu sous le nom de « Terminator » en raison des horreurs dont il est l’auteur, est jugé devant la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Des atrocités commises sous son commandement par les Forces patriotiques de libération du Congo.

Ne pas se fier à son allure, impassible. Ni au son de sa voix, quasi inaudible avec laquelle il a déclaré qu’il plaidait non coupable face à ses juges de la Cour pénale internationale. Derrière ce visage, cette moustache fine emblématique qu’il a tenu à garder en prison, et sous cette chemise immaculée, sobrement cravatée, se cache probablement l’un des pires criminels de l’histoire congolaise.

Cet ancien chef rebelle, devenu général à la faveur de l’intégration de l’ex-rebellion dans l’armée prévue par les accords de paix,  avait préféré se rendre auprès de l’ambassade des Etats-Unis en mars 2013 à Kigali, plutôt que de risquer d’être assassiné par l’un de ses propres lieutenants.

Massacres, enrôlement d’enfants soldats, devenus esclaves sexuels pour l’usage de ses propres milices, et viols massifs de femmes et petites filles, la liste de ses crimes est bien longue.
Du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) à la dernière rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la RDC, ce seigneur de guerre aura été de tous les conflits qui ont déchiré la région, avec son lot de violences inouïes sur les populations civiles.

Au cours de ce procès, l’accusation a prévu de présenter plus de 8 000 documents, plus de 70 « témoins », une dizaine d’experts ainsi que les avocats des 2149 victimes reconnues. Ils seront appelés à prendre la parole.

Mais selon Norbert Mbu Mutu, écrivain, militant congolais et président du SoPPro, initiative pour une éducation communautaire au Congo, malgré ce procès, « Terminator », également baptisé « Maréchal » ou «Tango Roméo» échappera à une partie de ses méfaits, notamment financiers.  Mr Ntaganda est aussi un homme d’affaires, avide de richesses, qu’il puise directement dans les mines de l’est du Congo. Et "Terminator" ne s'est pas gêné pour capter ces richesses-là.


 

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Bosco Ntaganda, le 18 mars 2013 à Goma, RDC
AP Photo/T.J. Kirkpatrick, File

L’ONG Global Witness a signalé dans un rapport comment ce chef de guerre supervisait un gigantesque trafic de substances minérales vers le Rwanda via sa résidence privée, idéalement située à la frontière. Etain, tantale, tungstène et or, autant de minéraux qui sont ensuite commercialisés à l’étranger. Selon les estimations d’experts des Nations Unies sur la RDC, son empire contrebandier lui rapportait quelque 15 000 dollars par semaine.

Autant de crimes et délits alors qu’il porte l’uniforme de général, et que ce type de commerce est formellement interdit par la Constitution congolaise pour tout membre de l’armée. Voilà comment les seigneurs de guerre, rebelles repentis et autres militaires jouissent aujourd’hui d’une totale impunité, alors qu’ils exploitent le commerce minier du pays au détriment des communautés locales.

Une dépêche AFP, publiée le jour de l’ouverture de son procès, nous apprend que Bosco Ntaganda profite de son séjour dans la prison de Scheveningen pour étudier l’anglais et le piano. Selon son avocat, il se dit impatient d’avoir une chance de se défendre.