Fil d'Ariane
La Confédération africaine de football est à un tournant. L’élection du 12 mars prochain à Rabat, au Maroc, sera forcément historique, même si elle n’aura pas la portée du ‘’tremblement de terre’’ de 2017 qui avait vu la défaite surprise du Camerounais Issa Hayatou après 29 ans de règne sans partage sur le foot du continent. Son successeur, le Malgache Ahmad Ahmad ne pourra probablement pas se représenter (voir le cas Ahmad), laissant quatre prétendants se lancer dans une élection qui s’annonce plus ouverte que jamais. Les quatre candidats sont tous d'accord sur un point le développement économique du football africain et la nécessité d’endiguer la fuite des jeunes talents vers les clubs étrangers. L’autre enjeu, et non des moindres, reste le maintien tous les deux ans de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
(Re)lire >> Confédération Africaine de Football : le malgache Ahmad succède à Issa Hayatou
Le Mauritanien Ahmed Yahya est le plus jeune des candidats (44 ans). Homme d'affaires, il est président de la Fédération mauritanienne. Avec lui, la sélection des Mourabitounes a gagné plus de 100 places au classement FIFA et participé à sa première CAN (2019). Ces réussites constituent ses atouts, mais il pourrait pâtir du faible poids de sa fédération au sein de la CAF. A l’opposé, l’Ivoirien Jacques Anouma fait figure de candidat du sérail. Ancien président de la Fédération ivoirienne (2002-2011), il a été également membre du comité exécutif de la FIFA. Déjà candidat mais recalé en 2013, cette élection reste sa dernière chance d’accéder à la présidence de la CAF. A 69 ans en effet, il est à un an de la limite d’âge.
Beaucoup voient en Augustin Senghor (55 ans), un profil idéal. Ce président de la Fédération sénégalaise depuis 2009 est maire (Gorée), gère un club (US Gorée), et siège au comité exécutif de la CAF. On le présente comme l’héritier officieux d'Ahmad et sa parfaite maîtrise de l’anglais est un atout pour séduire les fédérations anglophones. A moins que ces dernières optent pour le seul anglophone en lice : le Sud-Africain Patrice Motsepe (58 ans). Ce milliardaire, propriétaire du club des Mamelodi Sundowns serait un des favoris de la FIFA Fifa. Quand on se rappelle que l’instance mondiale du foot avait joué un rôle crucial dans l’élection d’Ahmad (ou la chute de Hayatou), il serait réducteur de penser que la relative inexpérience dans les instances de la CAF de Motsepe pourrait être un handicap.
Le président de la CAF est élu par les présidents des 54 fédérations qui la composent. Chaque fédération dispose d’une voix, ce qui annonce un scrutin disputé et qui devrait se jouer au second tour. Le temps des alliances bat donc son plein pendant la campagne et les associations de fédérations pourraient être un avantage pour certains, comme Patrice Motsepe qui aurait acquis le soutien des quatorze fédérations d’Afrique australe. A contrario, Senghor, Anouma, et Yahya, tous originaires de l’Afrique de l’Ouest, pourraient être obligés de se partager les 16 voix des fédérations de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa).
L’actuel président Ahmad Ahmad était candidat à sa propre succession jusqu’à ce qu’il soit suspendu pour 5 ans "de toute activité en relation avec le football" par la Commission d'éthique de la FIFA, le 23 novembre 2020. Seulement, le Malgache a fait appel de cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (Tas) à Lausanne. Celui-ci a décidé de lever la suspension depuis le 29 janvier 2021 dans l’attente de d’examiner le dossier le 2 mars, à 10 jours du scutin. Ahmad pourrait donc finalement se présenter à l’élection en cas de victoire au TAS ? Pas si sûr, puisque la CAF attendra l’approbation de la FIFA pour valider la candidature d’Ahmad et il n’est pas certain qu’il l’aura. Entre Ahmad et la FIFA, ce n'est plus le temps des amours.
Détournements de fonds : Ahmad Ahmad, le patron du football africain, sanctionné par la FIFA