Fil d'Ariane
Les députés européens ont voté ce jeudi 23 janvier une résolution pour demander la libération de l'écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie. Le texte, soumis par des élus de cinq des huit groupes politiques du Parlement européen, a été adopté à une large majorité : 533 voix pour, 24 contre.
Archive - L'auteur algérien Boualem Sansal, membre du Jury, lors d'une conférence de presse de la 62ème édition du Festival International du Film de Berlin, à Berlin le jeudi 9 février 2012.
Le texte soumis par des élus conservateurs du PPE, socialistes, nationalistes d'ECR, libéraux de Renew ou encore écologistes "condamne l'arrestation et la détention de Boualem Sansal et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle" et "condamne également les arrestations de tous les autres militants, prisonniers politiques, journalistes, défenseurs des droits de l'homme et autres personnes détenues ou condamnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d'opinion et d'expression".
Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
La résolution adoptée par les eurodéputés demande à l'Algérie de revoir cet article ainsi que "toutes les lois répressives qui restreignent les libertés".
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"Les futurs versements de fonds de l'Union devraient tous tenir compte des progrès accomplis" en matière de respect de l'Etat de droit et de la liberté d'expression, ajoute la résolution.
Le cas de l'écrivain, naturalisé français en 2024, a envenimé les relations déjà houleuses entre la France et son ancienne colonie.
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Le président français Emmanuel Macron avait dénoncé début janvier l'incarcération "totalement arbitraire" de l'écrivain, "gravement malade", suscitant un tollé en Algérie où le pouvoir a dénoncé une "immixtion inacceptable" de Paris "dans une affaire intérieure".
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Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.
"Il est impensable de laisser ce régime intimider davantage les citoyens algériens, et européens. Une résolution du Parlement peut vraiment sauver la vie de Sansal", a plaidé l'eurodéputé français (Les Républicains/PPE) Christophe Gomart.
"Son tort : avoir critiqué dans ses ouvrages et dans ses prises de position le régime algérien, sa dérive autocratique et sa complaisance à l'égard de l'idéologie islamiste", a lui critiqué le président du Rassemblement national (RN/Patriotes pour l'Europe), Jordan Bardella.
Au sein de la gauche radicale, la délégation de La France insoumise (LFI) s'est partagée entre votes contre et abstentions, suscitant un tollé à droite et à l'extrême droite. La députée Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que la cheffe de file du groupe Manon Aubry s'est abstenue.
"Les choses sont claires : à la défense d'un écrivain et de sa liberté d'expression, l'extrême-gauche préfère l'arbitraire d'un régime autoritaire et les intérêts communautaires de sa clientèle électorale", a fustigé sur X Jordan Bardella.
"En refusant de soutenir un citoyen français arbitrairement détenu dans les geôles du pouvoir algérien, les amis de (Jean-Luc Mélenchon) poursuivent dans cette ligne outrancière qui consiste à approuver systématiquement les attaques contre la France", a lui écrit le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.