France - Algérie : Macron en visite officielle auprès de Tebboune pour “relancer la relation bilatérale”

Le président français Emmanuel Macron va se rendre en Algérie du 25 au 27 août. Le chef de l’Etat entend “relancer” le partenariat entre les deux pays avec son homologue Abdelmadjid Tebboune. Cette visite a lieu au bout de plusieurs mois de crise entre Alger et Paris. 
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le président français emmanuel macron
Emmanuel Macron assiste à la 5e édition du sommet "Choose France". Palais de Versailles, France - 11 juillet 2022.
AP/Ludovic Marin
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Emmanuel Macron sera en déplacement officiel en Algérie 25 au 27 août. Selon l’Elysée, qui communique samedi 20 août, cette visite est destinée à relancer le partenariat entre les deux pays après plusieurs mois de crise. 

Une visite pour relancer la relation, certes, et au moins, s'efforcer de dissiper des malentendus. "Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l'avenir (..) à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d'apaisement des mémoires", a déclaré la présidence française. 

Le déplacement, du jeudi 25 au samedi 27 août à Alger puis Oran, fait suite à une première visite d'une douzaine d'heures en décembre 2017 au début de son premier quinquennat.

"L'Algérie est en train de revenir sur la scène régionale et internationale"

Ce déplacement intervient au terme d'une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d'Evian (18 mars 1962), qui mirent fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.
 
L'Algérie ne peut pas non plus faire l'impasse sur une bonne entente avec Paris.
Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.
"En choisissant Alger comme destination pour le début de son mandat, le président Macron montre que l'Algérie est en train de revenir sur la scène régionale et internationale", relève Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. "L'Algérie ne peut pas non plus faire l'impasse sur une bonne entente avec Paris", estime-t-il, en pointant notamment l'importance du dossier du Sahara occidental aux yeux des Algériens face à leur voisin marocain.

L'ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt ne voit en revanche "pas bien l'intérêt d'une telle visite actuellement". "Il n'y a pas de changement récent dans les relations avec l'Algérie", fait-il observer. "Il faudrait quand même qu'il y ait des gestes d'Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laisser-passer consulaires, les affaires économiques", avance-t-il.
 

Nouvel entretien téléphonique entre Tebboune et Macron

Toujours selon les informations de l’Elysée, un entretien téléphonique entre le président français et son homologue Abdelmadjid Tebboune a eu lieu samedi 20 août. Emmanuel Macron a notamment présenté ses condoléances à son homologue après les gigantesques incendies qui ont ravagé mercredi et jeudi le nord de l'Algérie, faisant 37 morts, selon un bilan officiel. Ces feux étaient presque tous éteints samedi, ont indiqué les pompiers. "Le chef de l'État a fait part à son homologue de la disponibilité de la France à fournir à l'Algérie des moyens terrestres et aériens pour y faire face", a indiqué l'Élysée.

En janvier dernier, les deux chefs d’Etat avaient déjà échangé par téléphone au sujet de "l'apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d'Algérie". Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a même proposé, début juillet, un "travail de mémoire" commun sur toute la période de la colonisation française en Algérie.
 
président algérien Abdelmadjid Tebboune
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Palace El Mouradia, Alger - 30 mars 2022.
AP/Jacquelyn Martin

La question mémorielle au coeur des tensions entre Paris et Alger 


Paris et Alger espèrent d'abord tourner la page d'une série de malentendus et tensions au cours de cette visite. La relation avec le nouveau président français, le premier de la Ve République à être né après la Guerre d'Algérie, s'annonçait sous les meilleurs auspices. Lors d'un déplacement à Alger en février 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à l'Élysée, avait qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité", suscitant des espoirs de repentance en Algérie tout comme de vives critiques de la droite et de l'extrême-droite en France.

Les tensions entre les deux pays se sont ravivées fin 2021 sur fond de commémorations de la Guerre d’Algérie. Le président français Emmanuel Macron avait notamment évoqué "la rente mémorielle" de l’Algérie et questionné la "nation algérienne avant la colonisation française". Ces déclarations avaient provoqué la colère d'Alger. 
 Dans un entretien au magazine allemand Der Spiegel, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a jugé "très graves" les propos tenus par Emmanuel Macron, mettant en cause l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Il avait notamment prévenu qu'il ne ferait pas "le premier pas" pour tenter d'apaiser les tensions entre Paris et Alger.