France-Algérie : pas de déclinaison algérienne du Goncourt, le livre de Kamel Daoud étant interdit

L'Algérie n'aura pas le droit de procéder à son élection du "choix Goncourt" en 2025, l'un des livres candidats, celui du Franco-Algérien Kamel Daoud, étant interdit dans ce pays, a annoncé l'Académie Goncourt ce mardi 3 décembre.

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Kamel Daoud

Le romancier Kamel Daoud a remporté le prix Goncourt le 4 novembre dernier à Paris pour son roman "Houris".

 

AP Photo/Aurelien Morissard
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Le plus prestigieux des prix littéraires se décline en concours nationaux qui impliquent des jurys d'étudiants francophones, avec l'appui de l'Institut français.

"L'Académie Goncourt, réunie le 3 décembre 2024, a décidé de suspendre le choix Goncourt de l'Algérie", a indiqué le jury du prix Goncourt dans un communiqué.

Au moment où l'écrivain Boualem Sansal est arbitrairement incarcéré en raison de ses écrits et ses propos, elle [l'Académie Goncourt] réaffirme sa condamnation de toute atteinte de la liberté d'expression. 

La raison est l'impossibilité pour "Houris" de Kamel Daoud de concourir, en vertu de la loi algérienne qui interdit tout livre évoquant les massacres de la "décennie noire" (1992-2002).

L'Académie "ne peut accepter" que ce roman "soit interdit dans ce pays et son éditeur banni du Salon du livre d'Alger", a-t-elle ajouté. Les éditions Gallimard n'ont pas eu le droit de venir à ce salon, organisé du 6 au 16 novembre.

Les jurés ont également dit leur solidarité avec un autre écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger et incarcéré depuis pour atteinte à la sûreté de l'État.

"Au moment où l'écrivain Boualem Sansal est arbitrairement incarcéré en raison de ses écrits et ses propos, elle [l'Académie Goncourt] réaffirme sa condamnation de toute atteinte de la liberté d'expression", a écrit le jury.

Kamel Daoud a remporté le prix Goncourt le 4 novembre.

Deux semaines plus tard, dans une plainte contre lui et son épouse psychiatre, une Algérienne l'accusait d'avoir fondé l'intrigue de "Houris" sur son histoire personnelle, sans son consentement, et alors qu'elle avait d'abord refusé une somme d'argent pour cela.

Le choix Goncourt de l'Algérie en 2024, pour sa sixième édition, avait impliqué une centaine de jurés, la plupart lycéens ou étudiants, issus de dix villes.