France : le panafricaniste Kemi Seba soupçonné de "liens" avec le groupe Wagner

Le panafricaniste béninois Kemi Seba, placé 48 heures en garde à vue en France cette semaine, a été entendu par la DGSI. La France le soupçonne d'avoir des "liens" avec le groupe paramilitaire russe Wagner.

Image
Kemi Seba

Le panafricaniste béninois Kemi Seba s'adresse à des journalistes, lors d'une conférence de presse, le 28 mars 2019.

AFPTV
Partager1 minute de lecture

Kemi Seba, 42 ans, a été placé en garde à vue, lundi dernier, à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour des soupçons d'ingérence étrangère. Il a été relâché mercredi sans poursuite à ce stade, mais les "investigations se poursuivent", avait indiqué le parquet de Paris.

Atteinte aux "intérêts fondamentaux de la nation"

L'enquête ayant abouti à sa garde à vue a été lancée à "l'initiative de la DGSI", a précisé à nos confrères de l'AFP une autre source proche du dossier.

Selon son avocat, Juan Branco, qui a vivement dénoncé cette garde à vue, Kemi Seba était interrogé dans le cadre d'une enquête ouverte pour "intelligences avec une puissance étrangère (...) en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France".

Kemi Seba était également interrogé sur des soupçons "d'entretenir des intelligences avec une puissance étrangère (...) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation".

Mis en cause dans les Wagner Leaks

En mars 2023, plusieurs médias, dont le magazine numérique Sources de Arte/CAPA, le quotidien allemand Die Welt et le magazine Jeune Afrique, avaient publié les Wagner Leaks, issus d'un piratage de documents internes au groupe paramilitaire Wagner, créé par Evgueni Prigojine, mort dans un accident d'avion en 2023.

Selon ces documents, l'oligarque russe a financé et guidé certaines actions du Kemi Seba en Afrique entre 2018 et 2019.

Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est l'ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait une séparation entre Noirs et Blancs avant d'être dissout par le gouvernement français en 2006.

En France, il a été condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale et déchu de sa nationalité française en juillet.

Aujourd'hui à la tête du groupe Urgences panafricanistes et suivi sur les réseaux sociaux, il dispose depuis début août d'un passeport diplomatique du Niger comme conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani.

Ces dernières années, Kemi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, au cours desquelles il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d'Ivoire, du Sénégal et de Guinée.