Il y a près d'une semaine, le Premier ministre français Manuel Valls déclarait devant l'Assemblée nationale : « La France est l’ami du Maroc et le Maroc est l’ami de la France ». Ce weekend, c'est le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, qui a appelé à "tourner la page" de la crise diplomatique entre son pays et la France.
En effet, depuis un an environ, les deux Etats entretiennent des relations tendues. « Ce n'est pas une crise banale, surtout entre deux pays qui ont toujours connu un très haut niveau de relation », assure Pierre Vermeren, historien spécialiste du Maghreb.
La brouille a pour origine une plainte de l’ONG française ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, active en France et dans le monde) contre Abdellatif Hammouchi, chef des services de renseignement marocains, accusé de torture par des opposants. Le 20 février 2014, la police française se rend à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris pour lui notifier une demande d’audition de la justice française à Monsieur Hammouchi. C'est le point de départ de la crise.
Reprise de la coopération
En réaction à cet événement, et au fait que la France ne soit pas passée par les canaux diplomatiques, le Maroc décide, en février dernier, de suspendre sa coopération judiciaire avec l’Hexagone. Celle-ci vient d'être rétablie au terme de deux jours de pourparlers entre les ministres français et marocain de la Justice. « Au-delà des « mauvaises manières », la descente policière chez l’ambassadeur donne un signal : tout un tas de protections dont bénéficiait le Maroc peuvent désormais tomber », déclare à l’AFP Pierre Vermeren.
La brouille s’est ensuite envenimée après plusieurs autres plaintes, ainsi que certains gestes inamicaux. En mars 2014 par exemple, lors d'un transit à l'aéroport parisien de Roissy Charles De Gaulle, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, se fait fouiller inopinément, malgré son passeport diplomatique. Un acte vécu comme une humiliation de la part du Maroc et qui oblige Laurent Fabius a présenter ses excuses à M. Mezouar
Présent le 11 janvier dernier à Paris pour la cérémonie d’hommage aux victimes de Charlie Hebdo, M.Mezouar a, par ailleurs, refuser de prendre part à la marche républicaine à cause de « caricatures blasphématoires du prophète » présentes dans le cortège. « La question du blasphème est très importante en France. Au Maroc, ce droit au blasphème n'existe pas », souligne Pierre Vermeren.