A quelques heures du match très attendu, France-Nigéria, en huitièmes de finale, Boko Haram envisage de frapper le Nigéria. Depuis le début de la Coupe du monde, la secte islamique a déjà perpétré plusieurs attentats contres des lieux de retransmission des matches. Les djihadistes considèrent ce sport comme une perversion occidentale. Et la menace d'autres attaques est dans tous les esprits.
Le Nigéria s'attend à de nouvelles attaques de Boko Haram lors du match France-Nigéria. DR
4 minutes de lecture
"Un acte terroriste pour chaque but marqué". C'est ce que prévoiraient les membres de la secte islamiste Boko Haram pour le match de football France-Nigéria de ce lundi, selon une revue de presse de France Culure reprenant l'Observateur Paalga. Pour autant, le milieu de terrain de l'équipe du Nigéria ne compte pas se laisser "affecter" par ces actions menées par Boko Haram : "C'est une tragédie, mais ont est ici pour faire notre métier (...) on doit continuer de jouer pour donner de l'unité et de la chaleur au pays" a-t-il déclaré dimanche 29 juin. Des attaques à répétitions Depuis le début de la Coupe du monde, les djihadistes ont commis plusieurs attentats. Certains sont directement liés à la Coupe du Monde de football, d'autres visent des bâtiments religieux : les derniers attentats contre des églises du nord-est du pays ont fait plus de 50 morts. Mercredi 25 juin, une heure avant le match Nigéria-Argentine, une bombe posée dans le centre commercial d'Emab Plaza à Abuja, tue plus d'une vingtaine de personnes. Le 17 juin, une explosion imputée à Boko Haram se produit dans un "centre de visionnage" des matches de la Coupe du Monde, lors de la retransmission du Brésil contre le Mexique. Au moins 21 personnnes périssent. Quelques jours plus tôt, 40 personnes décèdent dans l'explosion d'une bombe au milieu de supporteurs sur le terrain du stage de Mubi (nord-est)... C'est dans ce contexte que les Etats nigérians d'Adamawa (nord-est) et du Plateau (centre) ont décidé de fermer leurs centre de retransmission sur écran géant, pour des raisons de sécurité. Depuis cinq ans, les djihadistes de Boko Haram sèment la terreur dans le pays, mais depuis le mois d'avril et l'enlèvement des 200 lycéennes dans à Chibok, les actions terroristes se sont multipliées.
Le football : "perversion occidentale" Boko Haram, qui signifie "L'éducation occidentale est un pêché", a déjà évoqué publiquement son mépris pour le football, qui selon la secte est une "perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion". Pour montrer leur désapprobation, les journalistes sportifs nigérians présents au Mondial 2014 ont décidé de porter des t-shirt avec l'inscription : "World unites against Boko Haram" ("Le monde uni contre Boko Haram"). « Il nous a semblé que c’était (la Coupe du Monde de foot) une bonne plateforme pour que le monde voie les efforts que font les Nigérians, à côté du gouvernement, pour voir cette menace complètement écartée de notre société », a déclaré à Reuters l’initiateur Enaka Odikpo, commentateur à Radio Nigeria.
Opération médiatique "Le Mondial est une formidable opportunité opérationnelle pour Boko Haram, explique Yves Trotignon, spécialiste du terrorisme au cabinet Risk&Co, contacté par francetv info. C'est une cible naturelle qui génère de la médiatisation, comme l'enlèvement des lycéennes en avril. Les groupes terroristes, a fortiori jihadistes, n'existent que par leur exposition médiatique. Ils sont dans une logique de publicité."
A l'heure d'internet et des réseaux sociaux, en effet, les organisations terroristes ont compris l'importance de la médiatisation. Faire parler d'eux, c'est ce que cherchent les membres de Boko Haram. Et pour atteindre leur but, ils commettent des actions souvent spectaculaires. Une façon également de montrer leur puissance et leur marge de manoeuvre dans un pays comme le Nigéria, pourtant première puissance économique du continent africain. Au Nigéria comme partout en Afrique, le football est un sport national et symbolique. Il est souvent l'élément qui rassemble tout un peuple au-delà des rancœurs et des divergences qui peuvent exister. Les islamistes de Boko Haram sont bien conscients des dégâts qu'ils peuvent créer. D'autres pays d'Afrique de l'Ouest aussi, les autorités déconseillent à la population de se réunir dans les lieux publics. Elles leur demandent de privilégier les rassemblements en famille ou entre amis.