Pourquoi avoir choisi le sujet de la guerre d'Algérie ?
D'abord parce que, ma famille étant originaire de Tunisie, je me suis toujours intéressé à la problématique des populations issues de l'immigration d'Afrique du Nord en France. Dans un sens, nous avons reproduit le même schéma qu'à l'époque de la colonisation : on peut dire que les habitants de certaines cités sensibles vivent dans des communautés parallèles, comme vivaient les habitants algériens des cent bidonvilles autour d'Alger en 1961.
Ensuite, j'ai choisi dans la guerre d'Algérie l'épisode du
putsch des généraux pour deux raisons : mes personnages avaient déjà choisi leur camp et étaient toujours dans l'action.
Que voulez-vous démontrer avec ce film ?
Je voulais montrer la souffrance, la douleur quel que soit le camp où l'on se trouve. Je voulais aussi montrer le cheminement de gens biens qui vont finalement commettre des actes condamnables : poser une bombe, quel que soit la justesse de la cause, c'est mal.
Je ne prends parti pour aucun d'entre eux, je ne mets aucun personnage en avant par rapport à un autre. Pour Malika, les salauds sont les Français, et pour Thomas, ce sont les Arabes. Pour l'un comme pour l'autre, je ne nuance pas leur sentiment, je ne l'analyse pas, je le donne à voir simplement.
Je ne prétends pas avoir une thèse sur la guerre d'Algérie, mais s'il y a un message à retenir de mon film, c'est que la guerre est un immense gâchis pour tous, même si l'histoire retient des vainqueurs et des vaincus.
Je vous ai compris est une œuvre bimédia - film et e-BD : l’avez-vous imaginé ainsi dès le début ?
Non, même si je suis fan de bande dessinée et de cinéma depuis toujours, tout comme mon producteur !
A quelques semaines de la fin de la post-production, je me suis rendu compte qu'il y avait la possibilité de faire plus qu'un film et de raconter l'histoire différemment. Par exemple, grâce aux cartouches présentes dans la BD, les personnages ont des monologues intérieurs, ce qui ajoute un niveau de narration par rapport au film.
Par ailleurs, comme nous ne voulions pas faire une leçon d'histoire dans le film, nous avons pu dans l'e-BD ajouter des annexes historiques, sur l'OAS, le FLN, les accords d'Evian...