Fil d'Ariane
Seul, le président gabonais Ali Bongo s'est fait représenter par son premier ministre à cette grande réunion de travail de la Cemac. Car sinon, le camerounais Paul Biya, le centrafricain Faustin Archange Touadera, l'équato-guinéen Theodoro Obiang Guéma ainsi que le congolais Denis Sassou-Nguesso, ainsi que l'hôte de ce sommet, le tchadien Idriss Deby Itno, étaient bien présents à ce rendez-vous extraordinaire de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale.
Cette fois, le processus bénéficie d'une projection de financement. La Banque de développement des États d'Afrique centrale (Bdeac) va débloquer 1,7 milliards de francs CFA, pour couvrir le coût de cette libre circulation des biens et des personnes dans l'espace communautaire. C'est une vraie avancée dans ce domaine.
Jusqu'à maintenant, cette question de la libre circulation était une sorte d"arlésienne" (NDLR : personne dont on parle régulièrement mais qu'on ne voit jamais) Déjà en 1972, l'ancêtre de la Cémac avait validé le procédé sans que jamais il ne soit appliqué. En 2000, à la création de la Cemac, l'idée a été relancée, mais des pays comme la Guinée équatoriale et le Gabon, bloquaient le processus. Ces pays pétroliers peu peuplés et relativement prospères redoutaient une immigration massive.
Aujourd'hui, les six pays de la Cémac (Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad), semblent tous prêts à franchir le cap. Ils ont en commun le franc CFA, et le marché visé concerne 30 millions de consommateurs.
Le Tchad avait accepté début août de ratifier l'accord de la Cemac qui remonte à 2013. Le Cameroun applique, lui, le principe de "réciprocité", autrement dit, la libre entrée sur son territoire de ressortissants de pays qui acceptent les Camerounais.
Le Gabon et la Guinée-Équatoriale, derniers rétissents conditionnaient leur ralliement à la mise en place d'instruments biométriques. Les deux pays ont finalement entériné l'idée fin octobre 2017. Le Gabon mettant l'accent sur une politique de dispense de visas.
La Guinée équatoriale s’ouvre à la Cemac !!! pic.twitter.com/PITUs6tv59
— thierry ngogang (@thierryngogang) 26 octobre 2017
Toute la difficulté pour la Cémac est de faire cohabiter des pays aux revenus très différents. Des disparités qui rendent difficiles une dynamique et des mécanismes d'intégration économique et monétaire.
Mais cette libre circulation des personnes et des biens reste un défi majeur, dans une zone où une large partie du commerce intra-africain reste à bâtir.
Et pour favoriser la relance de la consommation, les membres du Cemac ont convenu de mieux promouvoir leurs produits. Une liste qui répertorie la production disponible au sein de la zone sera ainsi établie, sous peu.
Parmi les autres sujets discutés à N'Djaména, il y a eu, le financement des institutions. Depuis 2009, les six États de la Cemac, ont accumulé plus de 200 milliards de francs CFA d'arriérés de cotisations. Le tout dans un contexte où l’ensemble de ces pays, -souvent dépendants du pétrole et des matières premières- sont frappés de plein fouet par la baisse des prix mondiaux des produits de base, depuis 2014. Ce n'est évidemment pas sans conséquences sur la capacité des membres de la Cemac à honorer leurs engagements.
À noter enfin, à l'initiative du président tchadien Idriss Deby Itno, qu'une pétition a été rédigée pour demander, au président américain Donald Trump d'annuler la décision d'interdire l'accès des ressortissants tchadiens aux États-Unis.