Le palais royal marocain a diffusé mardi 4 décembre 2018 les premières images du président gabonais depuis son accident de santé en octobre dernier. Hospitalisé à Rabat au Maroc, Ali Bongo Ondimba, y reçoit la visite de Mohammed VI. La vidéo -où il est filmé uniquement de profil- est destinée à mettre fin aux spéculations.
Quarante jours qu'il n'est pas rentré au Gabon. Mais depuis ce matin, son visage s'affiche à la Une des journaux. Une photo, la première depuis son hospitalisation il y a plus d'un mois à Riyad en Arabie saoudite. Et une vidéo, filmée par le palais royal marocain... Car Ali Bongo se trouve désormais à l'hôpital militaire de Rabat, au pays de Mohammed VI, un ami de longue date qui lui a rendu visite lundi.
Trente-cinq secondes d'images, coupées et montées... On y voit Mohammed VI filmé de face, Ali Bongo de profil. Il n'y a pas de gros plans sur le président gabonais. Pas de son non plus : la vidéo est muette.
Les deux dirigeants sont assis dans des fauteuils installés autour d'une petite table sur laquelle sont posés deux verres et surmontée des drapeaux de leurs pays. Vêtu d'un turban et d'une djellaba à rayures grises, le président Bongo y apparaît légèrement souriant et regardant le roi. Vers la fin de la vidéo, il saisit un verre rempli d'un liquide qui semble être du lait et boit lentement une gorgée.
Ces images devraient faire taire les rumeurs persistantes et les fausses informations concernant l'état de santé du président Bongo, certaines allant jusqu'à le considérer comme mort.
Interrogations sur les capacités du président
Mais si elles fournissent une preuve de vie, elles révèlent peu des capacités physiques et intellectuelles d'Ali Bongo.
"Maintenant que le roi du Maroc -et avec tous les montages qui ont été faits- nous confirme qu'Ali Bongo est bien vivant, ce qu'il reste à faire c'est d'aller constater qu'il est capable de continuer à gouverner le pays", estime Marc Ona Essangui, figure de la société civile gabonaise.
Il ne suffit pas d'être vivant, il faut avoir la capacité de diriger un pays.Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de l'ONG Brainforest
Pour l'opposition, les questionnements persistent, d'autant plus que le président ne s'est toujours pas adressé à la nation... "On ne comprend pas qu'en retrouvant ses forces, en recevant le roi du Maroc, et même les délégations gabonaises, y compris en séance de travail, il ne soit pas capable de rassurer les Gabonais", déclare Richard Moulomba Mombo, président de la Alliance pour la résistance nationale (ARENA).
un message clair mais rassurant qui montre que monsieur Ali Bongo est bien et bien en possession de ses capacités.Richard Moulomba Mombo, président de l'Alliance pour la résistance nationale (ARENA)
La communication de la présidence
Rassurer, c'est bien l'objectif de la présidence qui a également publié un bref communiqué pour remercier le roi du Maroc.
"A cette occasion", le président gabonais
"a exprimé ses remerciements les plus fraternels à l'endroit de sa majesté le roi pour l'accueil chaleureux que celui-ci lui a réservé et l'attention qu'il lui a portée depuis son arrivée dans la capitale marocaine", indique ainsi ce communiqué.
Pour le camp présidentiel, les nouvelles sont donc bonnes et suffisantes.
On est rassuré car on a vu un président qui est capable de diriger le pays.Guy Christian Mavioga, ancien porte-parole de la majorité présidentielle
Mardi soir, de nouvelles images ont été diffusées à la télévision gabonaise. On y voit Ali Bongo, toujours filmé du même côté, de profil, en présence de trois hauts responsables du pays: le vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou, le Premier-ministre Emmanuel Issoze Ngondet, et la présidente de la Cour constitutionnelle Marie-Madeleine Mborantsuo, tous venus à son chevet. Là encore la vidéo est muette...
Omerta autour de l'Etat de santé d'Ali Bongo
La communication officielle sur la santé d'Ali Bongo est restée pour parcimonieuse à Libreville avec, en plus d'un mois, seulement deux interventions du porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, qui se trouve également au Maroc.
La première, le 28 octobre, pour annoncer son hospitalisation quatre jours auparavant en Arabie saoudite, à la suite d'un
"malaise" provoqué par
"une fatigue sévère", due à une
"très forte activité" récente. La seconde, le 11 novembre, pour préciser qu'il était
"dans une phase de recouvrement de la plénitude ses facultés physiques", après
"un saignement justifiant une prise en charge médico-chirurgicale en secteur hautement spécialisé". Une manière implicite de dire que son état était sérieux.
Mais à aucun moment la présidence n'a révélé quel était le mal dont souffrait le chef de l'Etat. Seules des sources non officielles ont évoqué un accident vasculaire cérébral (AVC).