Fil d'Ariane
Deux électrices affichent leurs cartes de vote devant un bureau de vote lors des élections présidentielles, à Liberville, au Gabon, le samedi 12 avril 2025.
Si les résultats provisoires, communiqués ce dimanche 13 avril par le ministère gabonais de l’Intérieur étaient confirmés, ce serait un véritable plébiscite pour Brice Clotaire Oligui Nguema, le président de la transition. Avec 90,35% des voix, le général-président est élu sans surprise certes, mais avec un score qui rappelle l’époque soviétique et qui interroge.
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L’ampleur de la victoire ne peut évidemment que faire naître des soupçons de bourrage d’urnes. La réalité est pourtant toute autre. Si le phénomène existe tel que le clament des opposants comme Alain-Claude Bilié By Nzé ou encore Jean-Rémy Yama, y compris dans les coins les plus reculés de ce pays encore constitué de nombreuses régions enclavées, il ne peut qu’être marginal. Après vingt mois de transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema est donc élu pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois.
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A ce stade, une chose est certaine, les populations gabonaises viennent de vivre une expérience unique : une élection présidentielle sans réelle tension, sans fermeture des frontières, sans coupure d’Internet, sans ordre de fermeture des magasins, sans couvre-feu… De surcroît, le vainqueur l’emporte avec un résultat que même feu Omar Bongo Ondimba (2 décembre 1967 – 8 juin 2009), le deuxième président de la République après l’indépendance en 1960 n’a jamais réalisé.
Autre enseignement de ce scrutin, la très large victoire du candidat-président Brice Clotaire Oligui Nguema atteste de la volonté d’une bonne partie des populations gabonaises de rompre avec les cinquante-six ans de règne de la famille Bongo, et surtout les quatorze ans du fils, Ali Bongo Ondimba (16 octobre 2009 – 30 août 2023).
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Depuis le coup d’Etat militaire du 23 août 2023, le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le général Brice Clotaire Oligui Nguema, n’a eu de cesse de vouloir effacer ces quatorze années de règne d’Ali Bongo. Selon une analyse chère au grand sociologue gabonais Joseph Tonda, une majorité de Gabonais.e.s ont ressenti un sentiment d’oppression sous le régime du fils Bongo.
Cette capture d'écran vidéo montre des partisans du coup d'État acclamant des policiers à Libreville, au Gabon, le mercredi 30 août 2023.
Et pour Ali Bongo Ondimba, le fait d’être très diminué après son AVC survenu en Arabie saoudite, en 2018, n’a fait qu’accroître ce sentiment d’oppression, auquel s’est ajoutée l’humiliation face à un président dont on disait qu’il était devenu une momie, et qui manquait de tomber à chaque fois qu’il devait marcher à pied.
A présent, le président élu Brice Clotaire Oligui Nguema va pouvoir poursuivre « la restauration » qu’il a promu tout au long des deux années qui viennent de s’écouler. Une manière pour lui de rendre la dignité aux Gabonais.e.s. Une situation qui renvoie notamment à l’époque coloniale quand les populations locales se battaient pour avoir les mêmes droits que les colons.