L'ancien préfet rwandais, Laurent Bucyibaruta, a été condamné ce 12 juillet par la cour d'assises de Paris à vingt ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide, plus de vingt-huit ans après l'extermination des Tutsi au Rwanda. L'ancien fonctionnaire était réfugié en France depuis 25 ans.
L'ancien haut fonctionnaire, 78 ans, a été acquitté en tant qu'auteur de génocide mais reconnu coupable en tant que complice de génocide et de crimes contre l'humanité pour quatre massacres, au terme de près de onze heures de délibéré.
Laurent Bucyibaruta, qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire depuis le 9 mai, passera la nuit en prison. Il a été escorté par des gendarmes peu après l'énoncé du verdict.
L'accusation avait réclamé à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, le considérant complice d'un massacre de Tutsi et auteur de quatre autres dans sa préfecture de Gikongoro.
Cette région du sud du Rwanda a été l'une des plus touchées par le génocide qui a fait au moins 800.000 morts dans le pays entre avril et juillet 1994, selon l'ONU.
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La cour a totalement acquitté Laurent Bucyibaruta des accusations de génocide et de crimes contre l'humanité commis à la paroisse de Kibeho le 14 avril 1994, ainsi que celles concernant les exécutions de prisonniers tutsi à la prison de Gikongoro.
Elle l'a cependant reconnu complice de génocide et de crimes contre l'humanité pour les massacres de l'école en construction de Murambi et des paroisses de Cyanika et Kaduha, tous commis le 21 avril 1994.
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Il est également condamné pour complicité de ces crimes pour les exécutions d'élèves à l'école Marie Merci de Kibeho, et celles commises lors de rondes et à des barrières.
Sa défense avait plaidé l'acquittement.
Pendant les neuf semaines de débats, Laurent Bucyibaruta n'a cessé de minimiser son importance dans la chaîne hiérarchique et celle des moyens à sa disposition pour empêcher les tueries, répétant qu'il avait été
"dépassé par les événements".
Dans ses derniers mots à la cour avant qu'elle ne se retire pour délibérer, Laurent Bucyibaruta avait martelé n'avoir
"jamais été dans le camp des tueurs".
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"Vingt ans... J'ai l'impression que c'est une peine mi-figue mi-raisin", a réagi Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
"C'est un choc, en même temps il est condamné pour complicité de génocide donc je ne vais pas non plus tergiverser", a commenté Dafroza Gauthier, qui traque avec son époux les génocidaires présumés au Rwanda.
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La défense avait demandé à la cour de faire
"le choix du courage" en acquittant un fonctionnaire
"isolé et sans force" pour empêcher les massacres dans sa préfecture de Gikongoro.
Il a été
"un rouage incontournable sans lequel la machine meurtrière n'aurait pas pu être mise en oeuvre", avaient estimé les avocates générales dans leur réquisitoire. S'il
"n'a tué aucune personne", l'ex-fonctionnaire
"a sur lui le sang de toutes les victimes tuées à Gikongoro".
Laurent Bucyibaruta avait fui le Rwanda après la fin du génocide, le 23 juillet 1994. Il vit en France depuis 1997, dans la banlieue de Troyes.
Il était visé par une enquête depuis 2000.
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avait un temps réclamé Laurent Bucyibaruta, mais il s'était finalement dessaisi au profit des juridictions françaises.
Il était le plus haut responsable rwandais jamais jugé en France pour des crimes liés au génocide des Tutsi.