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Huit ans après avoir quitté ses fonctions à la tête du Ghana, l’ancien président John Dramani Mahama, 66 ans, et leader de l’opposition ghanéenne, remporte la présidentielle de ce dimanche 8 décembre, avec 56,55% des voix, contre 41,01% pour son adversaire, l’actuel vice-président, Mahamudu Bawumia, candidat du parti au pouvoir, le New Patriotic Party (NPP), qui a reconnu sa défaite le jour même. Portrait.
Sur cette photo d'archive, le président sortant du Ghana, John Dramani Mahama, candidat du Congrès national démocratique, fait un geste à ses partisans lors d'un rassemblement pour l'élection présidentielle au stade sportif d'Accra, au Ghana, le lundi 5 décembre 2016.
John Dramani Mahama est le premier président de la Quatrième république du Ghana [Fondée depuis la Constitution de janvier 1993, NDLR] à briguer avec succès un nouveau mandat, après en avoir été chassé par les urnes. Il a en effet dirigé le pays du 24 juillet 2012 au 7 janvier 2017. Marié et père de sept enfants, John Dramani Mahama s’apprête donc à succéder à Nana Akufo-Addo, l’homme qui lui a fait mordre la poussière à deux reprises : lors des présidentielles de 2016 et 2020.
Né le 29 novembre 1958, à Damongo, dans le nord du pays, John Dramani Mahama est l’un des fils de feu Emmanuel Adama Mahama, un important producteur de riz qui fut notamment ministre sous le régime du premier Premier ministre du Ghana indépendant, Kwame Nkrumah.
Sur cette photo d'archive, le président sortant du Ghana, John Dramani Mahama, candidat du Congrès national démocratique, à droite, et son épouse Lordina Mahama, à gauche, assistent à un rassemblement pour l'élection présidentielle au stade sportif d'Accra, au Ghana, le lundi 5 décembre 2016.
Comme ce dernier d’ailleurs, le petit John Mahama fait une partie de ses études primaires dans le célèbre pensionnat d’Achimota, situé dans la région du Grand Accra, la capitale ghanéenne. L’ancien président ghanéen Jerry John Rawlings ou encore le Zimbabwéen Robert Mugabe, y sont passés également.
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Du reste, c’est depuis ce pensionnat d’Achimota, en 1966, que le jeune John Mahama apprend la nouvelle du coup d’Etat militaire qui renverse le président Kwame Nkrumah, alors en visite en Chine. Arrêté et embastillé, son père, Emmanuel Adama Mahama, passe une année derrière les barreaux. Un souvenir qui l’a sans doute contraint à s’exiler au Nigeria après le coup d’Etat de 1981, conduit par feu Jerry John Rawlings. Il y sera d’ailleurs rejoint par le jeune John Dramani Mahama, qui reviendra ensuite au Ghana deux ans plus tard, en 1983.
Sur cette photo d'archive, le prince Philip, duc d'Édimbourg, est assis avec le premier ministre du Ghana, le Dr Kwame Nkrumah, à droite, lors d'une réception civique après l'arrivée de son altesse royale à Accra, le 23 novembre 1959, pour une visite d'une semaine au Ghana.
Après une licence en histoire (1981), puis un diplôme de troisième cycle en communication(1986), obtenus à l’Université du Ghana, John Dramani Mahama part se spécialiser en psychologie sociale à Moscou, en Union soviétique. L’occasion pour lui de « prendre conscience des limites du système soviétique, et de la nécessité pour chaque nation de trouver ses propres voies de transformation. »
De retour au Ghana en 1996, il décide de se lancer en politique, comme pour reprendre le flambeau paternel. Élu député du National Democratic Congress (NDC) l’année suivante, John Dramani Mahama est nommé ministre de la Communication du président Jerry Rawlings entre 1998 et 2001.
Au fil des ans, John Dramani Mahama devient un membre très influent du NDC. En 2008, il est élu vice-président de la République, aux côtés de John Atta Mills. À la mort de ce dernier, trois ans seulement après son accession à la magistrature suprême, John Dramani Mahama prête serment en tant que président. La même année, en décembre 2012, il est maintenu à son poste à l’issue des élections générales.
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Sous la présidence de John Dramani Mahama, le pays connaît d’importantes difficultés économiques, qui se traduisent notamment par des coupures de courant généralisées. Le chef de l’Etat est alors surnommé « Dumsor » - un néologisme forgé à partir des mots dum qui signifie "éteint" et sor qui veut dire "allumé", dans la langue Twi.
À cela, il faut ajouter les scandales de corruption qui achèvent de discréditer la présidence Mahama. Et malgré la mise en avant de grands projets d’infrastructures en matière de transports, d’éducation ou encore de santé, John Dramani Mahama est battu par son rival Nana Akufo-Addo lors de la présidentielle de 2016.
Malgré cette défaite, puis celle de 2020, John Dramani Mahama reste en politique, tout en donnant libre cours à sa passion pour la musique et l’écriture. Outre ses mémoires, intitulées My first Coup d’Etat, parues en 2012, il publie régulièrement dans des grands journaux tels que le New York Times ou encore le magazine afro-américain Ebony.
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Chef de file de l’opposition lors du dernier scrutin présidentiel, John Dramani Mahama et le National Democratic Congress héritent d’un pays confronté, une fois de plus, à d’importantes difficultés économiques.
Premier producteur d’or du continent et deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana connaît actuellement une inflation et un endettement en très forte hausse. Cette grave crise économique et son corolaire, le coût élevé de la vie, étaient deux des principaux sujets de cette campagne présidentielle.
Ce lundi 9 décembre, la Commission électorale ghanéenne a confirmé la victoire de John Dramani Mahama, avec 56,55% des voix, selon des résultats provisoires. Son adversaire, Mahamudu Bawumia, vice-président ghanéen et candidat du parti au pouvoir, est crédité de 41,01%. Ce dernier a reconnu sa défaite dès dimanche.