Groupe Wagner au Mali : le vrai-faux démenti de la Russie
La Russie dément ce mercredi 15 septembre toute discussion avec le Mali. Une vraie-fausse réaction aux négociations en cours sur l'envoi dans le pays de mercenaires du groupe de sécurité Wagner. Moscou joue sur l'ambiguité liée au statut de la compagnie, pourtant réputée proche du Kremlin.
"Il n'y a aucun représentant des forces armées russes là-bas (...) et aucune négociation officielle n'est en cours". Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, réagissait ce mercredi 15 septembre aux révélations de l'agence Reuters qui ont suscité une réaction très vive de la part de la France.
Mais les précisions de la présidence russe, qui admet seulement des "contacts dans le domaine militaire avec beaucoup de pays, y compris ceux situés sur le continent africain", ne devraient pas calmer la colère française. En effet, Moscou dément traditionnellement tout lien avec le groupe de sécurité Wagner, le mercenariat étant illégal en Russie. Un journaliste ayant travaillé sur le dossier nous confie : "Wagner combat en contrat avec des gouvernements et des firmes étrangères. Pas avec le gouvernement russe, qui ne reconnait pas sa légalité. Ce qui n’empêche pas que Wagner intervient sur les terrains intéressant la géopolitique de Poutine, et en étroite coordination avec l’armée russe et le ministère de la Défense russe".
De source française proche du dossier, la junte au pouvoir à Bamako étudie la possibilité de conclure avec Wagner un contrat sur le déploiement d'un millier de paramilitaires russes au Mali moyennant finances, pour former ses forces armées et assurer la protection des dirigeants. De source sécuritaire ouest-africaine, des contreparties minières seraient discutées.
Sollicité par l'AFP, le ministère malien de la Défense a admis mener des pourparlers avec la sulfureuse société russe. "Le Mali entend désormais diversifier à moyen terme ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n'avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde", a-t-il réagi.
Mais en France, la colère ne retombe pas. "Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent" avec l'action de la France au Sahel, déclarait mardi la ministre des Armées Florence Parly devant la Commission de la Défense nationale de l'Assemblée.
Un peu plus tard, le chef de la diplomatie s'est exprimé sur le même ton : "C'est absolument inconciliable avec notre présence", a lancé Jean-Yves le Drian devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Si le scénario Wagner se concrétisait, un départ rapide des troupes françaises du Mali vers le Niger voisin serait étudié, affirme-t-on de source française.