Fil d'Ariane
Le cessez-le-feu ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie a été proclamé le 18 mars 1962. La colère est grande dans les quartiers européens.
Le 26 mars, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française sont appelés par l'OAS (Organisation armée secrète) à se dirige vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française après plusieurs meurtres sept jeunes du contingent par cette organisation.
L'intervention des forces de l'ordre dans le quartier tenu en partie par l'OAS a déjà causé la mort de civils dans le quartier.
L'OAS est alors le bras armé clandestin et meurtrier des ultras de l’"Algérie française" dans les derniers épisodes de la guerre, entre février 1961 et l’indépendance, en juillet 1962. Ces membres s'en prennent alors aux civils algériens et aux militaires français.
Les manifestants sont donc ce 26 mars alors invités à s'y rendre "sans armes" et "drapeau en tête", alors que la manifestation est interdite par le préfet.
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L'intervention des forces de l'ordre dans le quartier tenu en partie par l'OAS a déjà également causé la mort de civils dans le quartier. Le 26 mars 1962, des manifestants tentent donc de forcer le passage vers le quartier européen de Bab El-Oued. Un barrage de l'armée française se dresse devant eux, rue d'Isly (aujourd’hui rue Larbi Ben M’Hidi). Dans un premier temps, de nombreux manifestants peuvent franchir les premiers cordons de soldats avant de se retrouver piégés plus loin face à des blindés.
La fusillade de la rue Isly du 26 mars 1962 filmée par l'ORTF :
À partir de là, différentes versions circuleront: selon l'une d'elles, contestée notamment par des familles des victimes, ce sont des tirs visant les militaires depuis une fenêtre, ou un toit rue d'Isly, qui enclenchent en retour la fusillade paniquée vers la foule des tirailleurs gardant le barrage.
Cette version est également contestée par des parlementaires français, dont Eric Ciotti ou Valérie Boyer, qui présentèrent en 2019 une proposition de loi demandant "reconnaissance de la Nation des massacres de la rue d'Isly". L'intervention des forces de l'ordre dans le quartier tenu en partie par l'OAS a déjà également causé la mort de civils dans le quartier.
"Sans sommation, à 14h50, la troupe du 4e régiment de tirailleurs ouvrit le feu, s’acharnant sur ceux qui s'étaient jetés à terre afin de se protéger. La version officielle dira que des coups de feu avaient été tirés d'un toit vers les militaires. Mais ceux‑ci, au lieu de riposter vers le toit où devrait se trouver le prétendu tireur, ont tiré à l’arme automatique dans la foule, frappant dans le dos des manifestants qui tentaient vainement de s'enfuir", pouvait-on lire dans leur exposé des motifs.
Des historiens souligneront de leur côté la fatigue et l'inexpérience des troupes placées à cet endroit.
Des premiers coups de feux éclatent donc. Les soldats vont mitrailler pendant près d'un quart d'heure les manifestants. Les civils implorent et supplient les militaires de cesser le feu. La fusillade est filmée par une équipe de l'ORTF, la télévision publique française. les "halte au feu" prononcés par les pieds noirs resteront dans la mémoire collective des Français d'Algérie.
Après les tirs, la panique saisit la foule: "Ces 10 minutes de fusillade ont été suivies de 30 minutes d'affolement, de désarroi, dans le tintamarre crispant des sirènes et des klaxons, voitures de pompiers, camions, ambulances, des voitures civiles sillonnaient la ville, transportant le plus rapidement possible les blessés", écrit l'AFP ce jour-là.
Au moins 50 personnes, tous civils, trouvent la mort. 200 personnes sont blessées.
Une émeute (qui) ne peut être dispersée que par le feu meurtrier des troupesLe général De Gaulle, dans les "Mémoires d'espoir"
Le général De Gaulle, dans les "Mémoires d'espoir" qualifiera l'événement "d’émeute (qui) ne peut être dispersée que par le feu meurtrier des troupes". La fusillade de la rue d’Isly fut légitimée au nom de la lutte contre l’OAS. Pourtant, les manifestants désarmés n'avaient aucun moyen de renverser un régime politique.
En 2010, le gouvernement français décida d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris. L'État français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements.