Fil d'Ariane
Le gouvernement français a ouvert l'accès à une centaine de dossiers d'archives sur les disparus de la guerre d'Algérie (1954-1962). Une promesse faite par le président Emmanuel Macron en septembre 2018, au moment des commémorations de la mort sous la torture du jeune professeur de mathématiques pro-indepéndantiste Maurice Audin.
Ces dossiers ont été établis par la "commission de sauvegarde des droits et libertés individuels", précise l'arrêté. Cette commission, créée en mai 1957 par le président du Conseil Guy Mollet, avait pour mission d’enquêter sur la réalité de la répression militaire et sur l'existence de tortures et de disparitions durant la bataille d’Alger (janvier-septembre 1957).
Depuis le début de son quinquennat, le président Emmanuel Macron a mené plusieurs actions mémorielles pour tenter de guérir les blessures que traîne la société française depuis la guerre d'Algérie.
Il a notamment honoré les harkis, ces combattants algériens ayant servi la France puis abandonnés par Paris dans des conditions tragiques. Il a aussi reconnu que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien "mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France".
C’est à cette occasion, en septembre 2018, que le chef de l'Etat français avait annoncé l’ouverture des archives des disparus durant la guerre d’Algérie. Un an plus tard, en septembre 2019, un arrêté avait permis l’ouverture des archives sur la disparition de Maurice Audin.
Pour autant, relève ce spécialiste de la guerre d'Algérie, "cet arrêté n'ouvre pas la totalité des documents sur les disparus" du conflit et sur les disparitions mêmes "Il n'existe évidemment que très peu d'ordres écrits, notamment pendant la bataille d'Alger".
Les Archives nationales ont publié un guide sur les disparus de la guerre d’Algérie, destiné aux étudiants et aux chercheurs. Il n’existe pas de liste nominative des disparus. "C’est d’ailleurs très difficile de chiffrer le nombre des disparus", note Benjamin Stora. Il donne comme exemple le rapport Teitgen sur la bataille d’Alger de 1957 qui évaluait à 3.000 le nombre des disparus. Un chiffre auquel les travaux des historiens par la suite ne sont jamais parvenus.
Le guide des Archives nationales distingue cinq catégories de disparus : les Algériens disparus en Algérie, les Algériens disparus en France, les civils français disparus en Algérie, les militaires français disparus en Algérie et les harkis disparus en Algérie. Ainsi près de 500 militaires et gendarmes français ont disparus en Algérie.