Guerre d'Algérie : le rapport Stora pour la "réconciliation des mémoires" rendu public ce mercredi
L'historien Benjamin Stora remettra officiellement ce mercredi 20 janvier au président français Emmanuel Macron son rapport sur "les mémoires de la colonisation et de la guerre d'Algérie", avec des propositions pour parvenir à "une nécessaire réconciliation" franco-algérienne, près de 60 ans après la fin du conflit, indique l'Elysée.
Des Algériens manifestent ce 11 décembre 1960 dans les rues d'Alger pour réclamer l'indépendance et font face aux policiers français.
AP Archives
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L'historien français "formule dans son rapport plusieurs recommandations qui visent à parvenir à cette nécessaire réconciliation des mémoires", précise la présidence française.
Spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie, Benjamin Stora avait été chargé en juillet 2020 par Emmanuel Macron de "dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie".
"Cette mission avait pour objectif de dresser un état des lieux précis du regard porté sur ces enjeux de part et d'autre de la Méditerranée", précise l'Elysée.
Les présidents français et algérien ont désigné chacun un expert - Abdelmadjid Chikhi pour l'Algérie - afin de travailler sur ce dossier toujours brûlant, à l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (1962).
"Il n'est pas question d'écrire une histoire commune de l'Algérie, mais d'envisager des actions culturelles sur des sujets précis, à déterminer, comme les archives ou la question des disparus", avait expliqué en août l'historien. Le directeur des archives algériennes, Abdelmadjid Chikhi, réclame la restitution des archives de la période coloniale (1830-1962).
Né en 1950 à Constantine en Algérie, Benjamin Stora enseigne l'histoire du Maghreb, des guerres de décolonisations et de l'immigration maghrébine en Europe à l'Université Paris 13 et à l'Inalco (Langues Orientales). Il est notamment l'auteur des essais "La gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie", "Appelés en guerre d'Algérie" ou "Algérie, la guerre invisible".
Emmanuel Macron et "le travail historique sur l'Algérie"
Emmanuel Macron a chargé Benjamin Stora de ce rapport dans le cadre de ses initiatives pour tenter de "finir le travail historique sur la guerre d'Algérie" parce que, a-t-il expliqué en décembre, "nous avons des tas de mémoires de la guerre d'Algérie qui sont autant de blessures".
Depuis le début de son quinquennat, le président français Emmanuel Macron a mené plusieurs actions mémorielles pour tenter de guérir les blessures que traîne la société française depuis la guerre d'Algérie.
Il a notamment honoré les harkis, ces combattants algériens ayant servi la France puis abandonnés par Paris dans des conditions tragiques. Il a aussi reconnu que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien "mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France".
C’est à cette occasion, en septembre 2018, que le chef de l'Etat français avait annoncé l’ouverture des archives des disparus durant la guerre d’Algérie. Un an plus tard, en septembre 2019, un arrêté avait permis l’ouverture des archives sur la disparition de Maurice Audin, militant anti-colonial français mort sous la torture.
Paris a rendu également les crânes de 24 resistants algériens tués durant la conquête coloniale de l'Algérie le 4 juillet 2020.
Dans son discours sur la défense des principes républicains, en octobre aux Mureaux (région parisienne), Emmanuel Macron avait déclaré que le "séparatisme" islamiste était en partie "nourri" par les "traumatismes" du "passé colonial" de la France et de la guerre d'Algérie, qui "nourrit des ressentiments, des non-dits".